Recits_Contes_Populaires - page 25

Cette grille de lecture d’un Médoc morcelé en
Landa, Ribèira, Leda,
« bas
Médoc », en clivages sociaux parfois très tranchés et en diverses limites instituées
anciennes ou récentes, n’entrave pas des expressions assez généralement répandues
par lesquelles les Médoquins s’« identifient », notamment par rapport aux régions
de langue d’oïl voisines, la Saintonge en particulier, surnommée autrefois
Gabacharia
ou
Gabachèra. Gabach
signifie étranger, mais avec une nuance
péjorative.
Gabachejar
veut dire bredouiller, parler avec difficulté. Cela pouvait
aller jusqu’à d’acerbes moqueries.
Or, si les
traïnaires
(de
traîna :
long filet, ou sène, de 200 à 300 mètres de long,
tiré à l’aide d’une
pinassa
: bateau en pin aux extrémités effilées) du rivage océan,
étaient en relation avec ceux du Bassin d’Arcachon, les pêcheurs de l’embouchure
et de la Gironde étaient au contact de ceux de «
l’auta càsta
» (de l’autre côte).
Loin de n’être qu’une frontière créatrice d’identités négatives, l’estuaire est aussi
une zone d’échanges et le lieu d’un monde commun de l’activité maritime et
fluviale dont la terminologie et les techniques peuvent témoigner à travers les
secteurs de la pêche, des saliniers (ceux du Verdon, au nord du Médoc, autrefois,
étaient charentais, pour la plupart), des ostréiculteurs (voir les liens entre le Bas
Médoc, jusqu’en 1974, Arcachon et Marennes) et des charpentiers de marine.
Mais il nous faut le noter : la langue traditionnellement parlée en Médoc est
une variété de gascon qui lui-même fait partie de la langue occitane. A l’intérieur
du Médoc, l’occitan se répartit selon certaines inflexions phonétiques. Nous
pensons au domaine bas médoquin par exemple. Le reste, outre quelques
originalités lexicales, se rattache aux versants garonnais et landais du gascon. La
vitalité actuelle de cette langue connaît des difficultés d’ordre socio-linguistique
semblables à celles que connaissent les autres régions occitanes.
Depuis le Moyen Age, avec les troubadours Pèire de Corbian et Aimeric de
Belenoi (x n r siècle), et surtout depuis le siècle dernier, de nombreuses personnes
ont procuré une production littéraire écrite, en langue d’oc, peu publiée et peu
connue, mais néanmoins importante compte tenu de l’espace sur lequel ils
œuvraient13.
Les textes qui vont suivre participent des larges aires de diffusion de la tradition
orale en Europe, en France et plus précisément dans l’ensemble occitan et gascon.
La parole populaire n’a malheureusement pas fait l’objet, dans ce coin d’Aquitaine,
des recherches des folkloristes du siècle passé et du début de ce siècle. Aucun
ouvrage ne lui a été consacré jusqu’à présent et les rares textes transmis par des
journaux locaux, par exemple, ne sont pas toujours sûrs. Les récits, contes et
chansons proposés sont en majorité issus d’enquêtes ethnographiques effectuées
en Médoc depuis quelques années. Les contextes de communication traditionnelle
de ces productions ont le plus souvent disparu. Beaucoup nous ont été énoncées
après un long oubli remontant à la jeunesse de nos « informateurs ». Certaines
25
1...,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24 26,27,28,29,30,31,32,33,34,35,...160
Powered by FlippingBook