Recits_Contes_Populaires - page 18

Martz, abriu,
Pren-te la hapcha e lo hapchàt
e vai-te’n curar lo cmt
Mars, avril,
Prends la hache et le « hapchot »
et pars curer le trou où s’écoule
la résine.
Le mot
crût:
trou dans la terre, fait référence à l’époque où la résine était
recueillie au bas du pin dans un trou creusé à même le sable. Le pot en grès
dit « ascentionnel » n’a commencé à se généraliser qu’après les années 1870. La
hache sert à pratiquer un écoulement à la base de l’arbre. Avec le « hapchot »,
se font les entailles
(picas,
« piques ») hebdomadaires dont l’ensemble forme la
« care » (
cara
).
L’agriculture médoquine se signale aussi par la polyculture et l’élevage bovin
principalement dans les « mattes » à l’ouest du bas Médoc et au sud dans la
région de Blanquefort-Parempuyre. Jusqu’à la dernière guerre mondiale, une
partie de ce cheptel était alimenté par des races locales, les races « lédounes »
(ledonas)
qui vaguaient librement dans les « lèdes » (voir p. 14) de la côte. Les
chevaux, apparentés aux « pottok » du Pays basque et les vaches, de robe sombre
et trapues, cousines de celles de la côte landaise, étaient parfois dressés pour le
travail. Les animaux devaient pour cela être capturés jeunes, sans quoi ils
n’auraient pas supporté la domestication. On les attrapait au
lacèt,
sorte de lasso
qui n’était pas lancé, comme celui des vachers américains, mais tendu par des
gens à cheval, autour du cou de l’animal, à l’aide de longues lattes. On effectuait
ces gestes, lorsque les bêtes, poussées par d’autres cavaliers, passaient le long des
palissades formant un vaste entonnoir ou dans la
braguèira
qui consistait en un
couloir étroit débouchant sur un enclos (
barrac
) entouré de hautes barrières. A
partir de là, les jeunes bœufs
(los anolhs),
par exemple, pouvaient suivre le trajet
suivant, à la fois géographique et social. Des paysans de la Lande du Médoc
commençaient à les dresser et à les utiliser pour des travaux légers et divers. Au
bout d’un ou deux ans, aux foires de Bernos ou de Saint-Hélène ou par l’entremise
directe d’un maquignon, ils les vendaient à des propriétaires petits ou moyens
du centre du Médoc : Saint-Laurent, Listrac, Avensan. Là, les bœufs continuaient
à s’exercer à différents travaux mais déjà se spécialisaient un peu pour la vigne.
Enfin habitués au vignoble, ils finissaient souvent leur carrière par un travail
intensif dans les vignes des châteaux de la « Rivière » (de
Ribèira :
contrée
longeant le fleuve). En général, ceux-ci se faisaient garantir les attelages que le
maquignon leur livrait. Nous mentionnerons un autre itinéraire établissant un
lien économique entre les deux versants du Médoc : celui de la transhumance.
Si ce territoire s’inscrit sur la carte de la transhumance gasconne, il possède en
propre une transhumance d’hiver des troupeaux de la Lande médoquine vers les
vignes, jusqu’au moment où la végétation commence à pousser. Anciennement,
le berger
(olhèir
ou
choquèir)
laissait dans ce cas un paiement en nature : un
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