Recits_Contes_Populaires - page 20

chroniqueurs français eux-mêmes, tels Jehan Chartier et Martial d’Auvergne, le
Médoc fut ravagé par les troupes de Charles VII. Ces années, symbolisées,
semble-t-il, dans la réminiscence populaire, par l’arrivée de Talbot et sa mort
à Castillon près de Libourne, trouvent un écho dans ce dicton que l’on entend
quand des temps néfastes s’annoncent :
Sarem pas tan malerûs coma
I Nous ne serons pas si malheureux
dau temps dau rei Talabôt.
| que du temps du roi Talbot.
Ces épisodes furent clôturés par la mort, en 1458, de l’archevêque de Bordeaux,
Pey Berland, originaire d’Avensan en Médoc et protecteur aimé de ses
compatriotes, et par l’exécution à Poitiers, loin des siens, du dernier descendant
des sires de Lesparre, Pierre de Montferrand, qui après 1453, avait tenté de
reprendre ses droits sur son territoire usurpé.
Si le protestantisme ne toucha pas le Médoc, les révoltes contre la gabelle et
le fisc furent aussi effectives qu’ailleurs en Guyenne, de 1548 à 1660 3. Notre pays
se souvient également de batailles contre des groupes armés, composés de
mercenaires ou non, de quelque parti qu’ils fussent, mais ravageant les paroisses.
Une croix commémorative fut ainsi érigée à Moulis en 1855, en souvenir des
paysans de la contrée tués lors de la bataille de Salaunes, le 27 avril 1653, où
environ 400 à 500 des leurs s’étaient, selon le texte de l’état civil de Moulis, « ...
soulevés contre des Irlandois et cavalliers du régiment de Marche » qui
vraisemblablement rançonnaient fermes et villages du sud du Médoc.
Le
x v m e
et le
XIXe
siècle, virent la mise en place de plus en plus nette de
deux phénomènes déterminants et autour desquels s’articuleront les événements
politiques et sociaux : nous pensons à l’extension des vignobles et au boisement
de la Lande médoquine. Ces quelques points nous invitent à poser la question
de la validité d’un cadre géographique (la presqu’île) et historique — que nous
allons préciser — pour définir les « limites » d’un esprit d’appartenance à un
« pays ».
En relation avec cette interrogation, quelques précisions d’ordre historique et
culturel sont nécessaires afin de situer le Médoc au sud. Géologiquement, aucune
ligne n’est évidente, si ce n’est, pour une part, le Bassin d’Arcachon.
Linguistiquement, il en est de même. Les interférences entre les parlers occitans
de Gascogne y sont nombreuses. De tradition historique, l’Archiprêtre de Buch
et Bom englobait Le Porge, Le Temple, Saumos et Lacanau ; celui de Moulis,
Pessac (rattaché vers le
XVIe
siècle à celui de Cernés) et Iliac. L’abbé Baurein
(in
Variétés bordeloises
4), faisant un compromis entre les juridictions de l’Ancien
Régime et l’histoire ecclésiastique, descend jusqu’au Porge, Le Temple, Iliac,
Mérignac, Les Palus et Marais de Bordeaux (Bacalan et Chartrons), Saint-Seurin
et l’ancien Saint-Laurent d’Escures (Sainte-Eulalie ?), tous trois dans Bordeaux
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