Recits_Contes_Populaires - page 15

Autrefois, entre les deux offices du jeudi saint et du vendredi saint, les bergers,
chaussés de leurs échasses, se réunissaient sur la lande. Ils observaient de quel
côté venait le vent. Si le vent était au sud, ils étaient satisfaits car cela signifiait
que, l’été, il y aurait assez d’herbe sur la lande pour le bétail. Si c’était le
bisèst,
l’été serait sec. C’était gênant parce que ce temps durerait jusqu’à la Saint-Michel,
au mois de septembre.
La diversité des vents ne semble pas jouer de façon négative sur le climat
médoquin qui est un des plus équilibrés qui existent. Le 45e parallèle coupe le
Médoc en deux et le place théoriquement au centre du climat tempéré. Le hasard
finit de compléter cette position déjà favorable. Le Gulf Stream, courant chaud,
exerce son action adoucissante. Le large estuaire girondin, par le jeu des marées,
voit les eaux salées de l’Atlantique parcourir, deux fois par jour, une trentaine
de kilomètres d’amont en aval, jusqu’au port de Goulée. En outre, le mouvement
de la marée fait déplacer, quatre fois par jour, d’énormes masses d’eau, le long
de l’embouchure, jusqu’à Bordeaux. Ces va-et-vient favorisent des températures
propices en hiver et au printemps. Ces éléments s’allient à une pluviosité inférieure
à celle du reste du département de la Gironde et à un ensoleillement parfois
supérieur. Des dictons nous montrent, par leurs métaphores, les fortes chaleurs
de certains étés, lorsque l’horizon paraît danser sous l’effet de la reverbération :
Vivian dança.
j Vivien danse.
Las crabas dançan.
I
ou : Les chèvres dansent.
Ces conditions favorisent la culture de la vigne. Mais le Médoc doit également
son vin à un sol graveleux dû à la coulée d’alluvions du quaternaire le long de
la Garonne. La zone ouest de la presqu’île est sablonneuse et possède un sous-sol
de grès aliotique qui se prolonge jusque sous les terrasses de grave des bords du
fleuve. Des affleurements calcaires sont remarquables à Listrac, dans le
bas Médoc, à Soulac et sur l’îlot de Cordouan. Enfin, l’action de l’homme a pu
modifier certains paysages. Ainsi les sables des dunes littorales ont-ils été fixés
grâce aux pins et aux oyats (ou « gourbets » chez nous). Par ailleurs, au
XVIIe
siècle, le duc d’Epernon, gouverneur de Bordeaux et seigneur de Lesparre, fit
assécher les marais du bas Médoc (moitié nord) par des Hollandais. Ces terres
ou « mattes » furent surnommées : la « Flandre du Médoc ». Traditionnelle­
ment, les Médoquins portaient des noms liés à la nature du terrain sur lequel
ils habitaient. De cette façon, si les habitants de la bande longeant la Gironde
sont connus sous le terme de
Ribeirons,
ceux du canton de Pauillac, situé sur
la même bande, sont en plus appelés :
Graveirons. Graveiron
est formé sur le radical
grava
qui veut dire : grave, gravier. La partie nord de cette région possède des
terres argilo-calcaires, les « terreforts », ainsi que de grands espaces de
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