Recits_Contes_Populaires - page 14

Le Verdon faisait peut-être alors partie de File d’Antros signalée par le
géographe latin Pomponius Mêla. Nous savons, par des documents, que l’îlot
de Cordouan, avec son phare du
XVIe
siècle, était au Moyen Age une véritable
île avec des terres cultivables. Une légende parvenue jusqu’à nous veut que
Cordouan ait été relié à la terre au temps de nos ancêtres. Ce récit, peut-être
fondé, pourrait nous faire remonter très loin dans l’histoire. Plus récemment, le
rivage de l’océan a reculé. De plus, poussées par les vents d’ouest, des dunes se
sont formées peu à peu sur toute la côte d’Argent jusqu’à Bayonne. Un paysage
de collines de sable nommées
piquèirs
au nord ou
ràcas
au sud, parcourues de
vallées (
leda :
dépression en longueur ;
escorra
: étroite et profonde ;
crohàt :
circulaire), s’est ainsi ordonné. Ces dunes, en cordon ou isolées, ont stoppé
l’écoulement normal des eaux du versant océanique du Médoc vers la mer. Deux
grands lacs se sont formés par suite de cela : celui de Hourtin, le plus vaste de
France, et celui de Lacanau. La tradition d’anciens exutoires pour les antiques
ports de Lacanau ou de Saint-Hélène-de-l’Étang reste cependant vivante. La
formule de bénédiction des bateaux à Lacanau, à la fin du siècle dernier, nous
donne une indication à ce sujet :
Lo bon Dius te presèrvi
De la balena,
Dau cant de la sirena
et dau pàrt de Sent-Vincent
(de Lacanau).
Que Dieu te protège
De la baleine,
Du chant de la sirène
Et du port de Saint-Vincent
(de Lacanau).
Le pays médoquin est irrigué par de nombreuses eaux courantes. De part et
d’autre d’une crête médiane ne dépassant pas 40-50 mètres de hauteur, d’un côté,
les « jalles » (du terme local
jala),
avec leurs « esteys » (de
estèir
: étier)
caractéristiques, se jettent dans la Gironde ; de l’autre, « crastes » (v.
crasta)
et
«
berles » (
bèrlas
) finissent dans les étangs. La terminologie de l’eau s’étend
aux bas-fonds humides avec les mots,
baren, baisha, platinhar,
qui se retrouvent
souvent dans la toponymie.
Largement soumis à l’influence océanique, ce pays connaît l’importance des
vents. Le vent d’ouest,
vent de mar
ou
sobèrna
lorsqu’il souffle en tempête, domine.
La
galèrna,
de l’estuaire, du nord-ouest, se fait durement sentir surtout dans la
partie septentrionale. C’est un vent froid et pénétrant
(es un vent prim).
Le
mahon
provient du golfe, du sud-ouest. Il annonce généralement un temps agité sur la
côte. Le
bisèst,
vent sec du nord-est et le
vent de davant,
du sud, influent sur
les cultures. Un dicton nous avertit :
Quan lo vent boha dau sud,
Quand le vent souffle du sud,
Mauhidaràs-te de la pluja
Méfie-toi de la pluie.
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