PÊCHE SUR LA CÔTE d ’ARCACHON
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sépare par especes; on dresse les soles par paire; on fait des
charges de chevaux de tout le poisson qui peut être trans
porté par cette voie; l’autre se met sur des charrettes qu’on
fait partir le soir même, pour qu’il arrive le lendemain matin
à Bordeaux.
L’Entrepreneur suit son poisson, et ne manque pas de s’y
rendre suivant l’usage constant.
Celui-ci rend ordinairement ses comptes le jour du Samedi
Saint. Le Pilote, les Matelots,
les Peschayres
se rendent ce
jour-là chez l’Armateur; celui-ci produit son livre de recettes
et de dépenses; les frais d’approvisionnement, le loyer de la
chaloupe, ainsi que quelques autres dépenses, sont prélevés;
le restant du produit de la pêche est mis en especes sur la
table, autour de laquelle sont les Parties intéressées. On
prélevé la somme promise au Pilote. L’Armateur ensuite dis
tribue, écu par écu, le restant dont on forme quinze portions,
une pour chaque Matelot, au nombre de douze; une pour le
Pilote, une pour l’Armateur, et une autre pour les deux
Pes
chayres,
qui ne sont comptés que pour un Matelot. S’il se
trouve quelques écus de reste, on les donne aux Eglises, du
consentement de toutes les Parties intéressées; mais on en
réserve un certain nombre pour un repas.
Cette distribution faite, l’Entrepreneur de la pêche présente
ses comptes particuliers des avances qu’il a faites pour chaque
Matelot, ou leurs familles respectives. Il se rembourse, ainsi
qu’il est d’usage, sur la portion de ceux pour lesquels ils les
a faites.
La pêche étant censée finie à Pâques, chaque Matelot prend
sa portion de filet qui se distribue entr’eux. Quelquefois ils
les laissent tous ensemble, et ils continuent la pêche jusqu’aux
jours des Rogations; mais les comptes se rendent chaque
Dimanche, et chacun reçoit ce qui doit lui revenir; après
quoi le pariage se dissout et cesse d’avoir lieu.
Qu’il soit permis d’ajouter à ce détail une réflexion qui