1876_III - page 351

PÊCHE DANS LE BASSIN d ’aRCACHON
343
bien mangé, il faut qu’ils boivent ; mais l’eau de la mer est
trop salée et trop amere pour eux. S’il pleut, les canards
boivent sur l'aile où ils retiennent l’eau, et ne quittent point
la place. Mais si le temps est sec, il faut qu’ils aillent boire
à l’eau douce : cette eau est en grande quantité dans les
leddes : ces leddes sont des vallons placés entre les différentes
montagnes de sable qui bordent la mer.
C’est en s’élevant pour aller boire, ou en revenant pour
manger, que les canards donnent dans les filets qui, étant
floches, font poche et les retiennent. On a soin d’aller le
matin les sortir du filet, et on leur tord le col. S’ils y res-
toient le jour, les corbeaux, les milans et les autres oiseaux
de proie, qui sont en grand nombre sur la côte, en feraient
bientôt leur curée. On tend aussi des filets sur les leddes,
où il s’en prend beaucoup : ainsi on peut appliquer à ces
oiseaux ce Vers de Virgile :
Incidit in Sylarn volcns ■vitare
Cbaribdint.
C’est à cette pêche que se prennent aussi les oies sauvages,
les herons, les canards, pieds noirs, pieds rouges, sarcelles,
biganons, etc. Ils sont en si grand nombre, qu’ils couvrent
une partie du Bassin, lorsqu’ils sont à la nage, et on n’est
point surpris qu’un seul Particulier en prenne dans une seule
nuit la charge de cinq à six chevaux, et souvent davantage.
Pêche de l’Anguille.
On prend sur la vase, avec un instrument appelle fouine,
les- anguilles. La fouine est une espece de fourche de fer, a
cinq brins larges, assez approchés l’un de 1autre, et denteles.
Un homme marche sur la vase, au moyen de deux tables
quarrées qu’il attache à ses pieds, pour ne point enfoncer, et
lançant avec adresse, dans la vase, l’instrument dont il est
muni, il en retire des anguilles d’une grosseur énorme.
1...,341,342,343,344,345,346,347,348,349,350 352,353,354,355,356,357,358,359,360,361,...511
Powered by FlippingBook