Les deux bossus
Ce texte présente l’intérêt d’avoir intégré des localisations précises en Médoc :
Cussac, Médrac, Beychevelle et le Prat Lauret (voir p. 85). Ce conte est assez
connu en France. Les bossus qui veulent se faire ôter leurs bosses doivent aller
au sabbat et compter sept tours de ronde avant de sauter au milieu. Dans une
autre version médoquine, c’est le chiffre neuf qui est préconisé. Ce motif
s’apparente au F344.I indiqué dans le Motif index de Aame et Thompson.
Il y avait une fois deux bossus : l’un habitait à Cussac et l’autre à
Médrac. Ils se connaissaient fort bien. Voilà qu’un jour de septembre,
en cherchant des cèpes, ils se rencontrèrent dans le bois du Baden.
— Tiens, c’est toi !
— Eh oui ! Bonjour ! Comment ça va ?
— A peu près.
— Mais, sapristi ! Tu n’es plus bossu !
— Eh non.
— Comment as-tu fait ?
— Je vais te raconter mon affaire, tiens ! Tu pourras en faire autant
si tu veux. On te fera probablement comme à moi : on t’enlèvera la bosse...
Un vendredi soir, tu iras au pré Lauret, tu connais ? Près du château
de Beychevelle. Tu te tiendras près de l’entrée. Sur le coup de minuit,
tu verras arriver sept hommes. Ce sont les plus grands sorciers du Médoc,
peut-être ceux qui ont le plus de pouvoir. Surtout il ne faudra pas que
tu aies peur. Tu les laisseras passer ; ils ne te feront pas de mal. Ils ne
feront pas attention à toi. Alors tu les suivras. Quand ils arriveront au
milieu du pré, ils se donneront tous la main, puis ils feront une ronde
en chantant : « trois fois sept, vingt et un ! Trois fois sept, vingt et un ! »
Et toujours ainsi. Tu compteras trois tours de ronde. A ce moment tu
sauteras au milieu et tu diras : « Un de plus et cela fait vingt-deux. »
Ils s’arrêteront et tu verras...
Notre bossu ne manqua pas le sabbat du vendredi suivant, et vous
pouvez croire qu’il fit exactement ce que l’autre lui avait appris. Mais...
— Ah ! Sainte Vierge ! dit un des sorciers. Encore un bossu ! Mais ils
n’ont pas fini de venir nous ennuyer ! Que faut-il lui faire ?
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