Recits_Contes_Populaires - page 42

Le cochon de la vieille
Lo tesson de la velha
Des garnements veulent dérober le cochon d’une vieille femme que l’on disait
être un peu sorcière. Pourtant, c’est sans invoquer nul esprit à son secours que
la pauvre vieille réussit à mettre les voleurs en fuite...
Il y avait une fois une pauvre vieille qui vivait seule dans une maison
isolée au milieu de la forêt. Cette vieille, je ne sais pourquoi, était
soupçonnée d’être un peu sorcière. Pourtant, la malheureuse menait une
vie bien tranquille : elle entretenait son jardin, gardait ses trois ou quatre
brebis, et nourrissait son cochon et ses poules.
Chaque année, elle élevait un beau cochon, le plus beau du pays ; sans
doute ne le privait-elle ni de pâtée de pommes de terre ni de farine de
maïs, ni de rien de ce qui convient. Un jour, trois mauvais sujets, qui
vivaient de rapine, virent le cochon, gros et gras, prêt à être tué. La bête,
pardi, leur fit envie et ils convinrent de se rencontrer le samedi soir suivant
dans un bois de chênes, derrière la maison de la vieille.
Le soir venu, les trois compères se retrouvèrent là et se cachèrent
derrière un roncier afin de décider de la part de chacun dans l’affaire.
— Toi, dit le chef des voleurs à un des autres, tu vas aller écouter
à la porte pour savoir si la vieille se tient tranquille, et nous, nous irons
assommer le cochon. Ensuite, nous t’appellerons pour que tu viennes nous
aider à le traîner jusqu’à la charrette.
— Oh ! répondit l’autre, j’ai peur que la vieille se méfie de quelque
chose... J’ai entendu dire qu’elle était sorcière. Tout à l’heure, il ne faudrait
pas qu’elle aille clamer le nom de celui qui a fait le coup...
— Sorcière ! dit l’autre, tu veux nous faire rire. Va-t’en écouter et
regarder à la porte. Tu te rendras compte que la vieille ne s’aperçoit de
rien.
Le voleur se dirige vers la porte. La vieille, au coin du feu, filait la
laine de ses moutons en faisant cuire trois belles pommes sur le gril. Juste
au moment où le voleur arrivait près de la porte, la vieille venait de finir
sa quenouille et, tandis qu’elle posait le fuseau sur sa robe, elle dit :
A ! Ne’n teni un !
(Ah ! j’en tiens un !)
Quand l’autre entendit cela, il se sentit concerné et courut vite vers
ses comparses :
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