1876_I - page 98

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VARIETES BORDELOISES
tion de certains droits que ce premier percevoit sur les peaux
de divers animaux qu’on faisoit entrer ou sortir de ce lieu.
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il a existé ancienne­
ment un commerce entre la ville de Bordeaux et celle de Cor-
doue. C’est dans l
’H istoire
de Mathieu Paris, sur l’an 1252,
qu’on en trouve la preuve. Cet Ecrivain Anglois, qui avoit
en haine les Gascons (c’est ainsi qu’il appelloit les habitans
de cette contrée), assure que le Comte Simon de Montfort,
qu’Henri III avoit établi son Lieutenant dans la Guienne,
avoit tellement ravagé ce pays, par la fureur dont il étoit
animé contre ses habitans, que si l’Angleterre ne leur eût été
d’un grand avantage pour la défaite de leurs vins, ils n’eus­
sent pas hésité de se soustraire à la domination Angloise,
pour se soumettre à celle de tout autre Prince ;
sur-tout m a in ­
tenant,
ajoute cet Auteur,
q u ’ils sont liés de commerce avec Cor-
doue,
Seville et Valence, où le culte Chrétien vient d’être ré­
tabli (1).
Ce texte de Mathieu Paris, peut-on dire, prouve à la vé­
rité qu’il existoit vers le milieu du treizième siecle un com­
merce entre les habitans de ce pays et ceux de Cordoue;
mais ce commerce étoit pour lors tout récent, puisqu’il ne
datoit que du temps que le culte Chrétien avoit été rétabli
dans cette derniere Ville, ce qui n’arriva qu’en l’année 1236,
comme on l’apprend de l’Histoire.
Mais il faut observer que, si dans le huitième siecle les
habitans du Pays Bordelois n’eussent pu ni voulu se lier de
commerce avec des Infidèles, cela ne prouve pas que les Sar-1
(1)
Superbiam edomuit Gasconensium, cuteoquod, nisi Anglia utilis eis essct ad
vina sua vendenda omîtes àfidelitate RegisAnglorum recessissent, et alimn sibi Do­
minion acquisissent; et quia ad Hispaniam modo habent Gasconenses refugiuMad
vina sua vendenda, quibussolissubsidiis recreantur
videlicet ad Cordubam,
Sy-
byllam, Vatentiam magnant, qua modo cultui subjacent Christiano, formidatur, ne
relictis partibus Anglicanis, in quibus tôt vexantur angustiis et injunis, maxime
per regias vexationes, adpartes se transférant ulteriores.
(Math. Paris., p. 557.)
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