1876_I - page 97

TOUR DH CORDOUAN
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Le pays de Médoc, baigné d’un côté par l’Océan, et de
l’autre par un grand fleuve, ne les invitoit-il pas par sa position
à lier commerce avec cette Ville, et à construire cette Tour
pour servir de phare auxVaisseaux qui en venoient ?C’est ce
qui peut lui avoir occasionné sa dénomination de
Cordouan.
Il est rapporté dans le
D ictionnaire
de Trévoux, que
Cor­
douan
est une espece de cuir venant de Cordoue, dont on
fait le dessus des souliers, et que le mot
Cordouanier
signifie
celui qui prépare et passe ces sortes de cuirs. On peut con­
sulter à cet égard le
Glossaire
de Ducange, au mot
Cordebisus,
et son
Supplém ent
par Dont Carpentier, au mot
Cordon.
L’art
de préparer les cuirs étoit donc anciennement acquis aux habi-
tans de Cordoue; ils dévoient par conséquent retirer les peaux
des animaux dans les lieux où ils faisoientle commerce; et on
11e sait si ce ne serait pas à cet ’ancien commerce que devoit
son origine celui qui se faisoit dans les temps passés sur les
peaux dans la ville de Lesparre, qui est le chef-lieu du Bas-
Médoc. Au moins est-on assuré d’avoir vu un ancien accord
entre le Seigneur et les habitans de ce lieu, où il étoit ques-
d’être Infidèles ; ce qui les faisoit regarder avec horreur, et empèchoit, dans
le principe, qu’on ne contractât des alliances avec eux. Quoique depuis près
de mille ans, qui se sont écoulés depuis cette époque, ces Etrangers aient
embrassé le Christianisme, qu’ils aient contracté des alliances, et que les
choses soient parvenues au point qu’il soit impossible de reconnoitre ni de
prouver qui sont ceux qui descendent en ligne directe de ces Etrangers ;
néanmoins ce préjugé subsiste encore, et doit son origine à l’ancienne
invasion des Sarrasins dans le Pays Bordelois, et en particulier dans le
Médoc. Il seroit aisé de rassembler ici quantité d’autres vestiges de l’ancien
séjour qu’ils y ont fait, si on ne se proposoit d’en parler à proportion que
l’occasion s’en présentera. On observera seulement que ce qu’on a dit
jusqu’ici, est plus que suffisant pour porter A croire que la dénomination
de la Tour de Cordouan pourroit bien remonter jusqu’au temps où les
Sarrasins étoient maîtres de Cordoue ; ce qui est certain, c’est qu’on ne
prouve point, et qu’on ne prouvera jamais, qu’elle ait reçu ce nom de
l’Architecte qui l’a construite.
T. I.
(Edit. Banr.,
vol. I.)
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