VARIÉTÉS BORDELOISES
siècles la Capitale d’un Royaume des Maures ou Sarrasins
d’Espagne; cette idée pourrait peut-être conduire à découvrir
l’origine de cette Tour, et faire penser qu’on est redevable de
sa construction primitive au commerce qui a existé ancien
nement entre ce pays-ci et la ville de Cordoue en Espagne.
Il ne faut pas s’imaginer que cet ancien commerce soit un
pur être de raison; il a eu peut-être plus de réalité qu’on
11e pense. C’est d’abord un fait qui ne peut être révoqué en
doute, d’après les preuves qui en seront rapportées dans cet
Ouvrage, que le Pays Bordelois a été pendant un certain
temps sous la domination des Sarrasins, qui, après avoir sac
cagé et incendié Bordeaux, sa Capitale, se répandirent dans
ce pays, et y firent des établissemens dans divers cantons, où
l’on retrouve encore des vestiges sensibles de l’ancien séjour
qu’ils y ont fait (1). Il existoit donc des Sarrasins dans le
Médoc, ainsi que dans divers autres cantons du Diocese.
S’imaginera-t-on que ces Infidèles, sortis d’Espagne sous la
conduite d
’Abdéraine
leur Général, n’aient eu aucune relation
avec Cordoue, Capitale du lieu d’où ils étoient venus ?1
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(1) Les vestiges de l’ancien séjour des Sarrasins ou des Maures dans le
Médoc, où ils entrèrent en qualité d’ennemis, sont..... en premier lieu, la
dénomination des
Gabels,
que quantité de lieux y ont porté, ainsi qu’il est
justifié par les anciens titres. On sait que les
Galiets
étoient atteints de la
lepre, et que cette maladie étoit très-fréquente chez les Sarrasins. En second
lieu, les dénominations de
Sarrasins,
de
Mamins
et
d’Hosten,
qu’on
retrouve également dans les anciens titres, et qui étoient autrefois très-
usitées dans cette contrée, ainsi qu’il seroit aisé d’en rapporter des preuves
multipliées..... En troisième lieu, il existe encore dans la Paroisse de
Venssac, en Bas-Médoc, une Seigneurie appellée les
Sersins,
et anciennement
Sarsins ;
mot qui, par contraction, est formé de celui de
Saraceni
..... En
quatrième lieu, les personnes qui ont fréquenté la contrée du Médoc,
savent que, suivant un préjugé qui y est très-ancien et très-répandu, la
moitié des habitans d’une Paroisse suspecte l’autre moitié d’être de mauvaise
race. D’ou vient ce préjugé ? sinon de ce que parmi les naturels du pays il
s’étoit mêlé des Etrangers, qui ajoutoient à cette premiere qualité celle
