TOUR DE CORDOUAN
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Géographes, en se copiant les uns les autres, ont placé cette
Tour sur les prétendus restes de l’Isle d’Antros, c’est un Ecri
vain de Bordeaux qui les a induits dans cette méprise.
« Du temps d’Antonin, dit Delurbe, dans sa
Chronique sur
»
l ’an 14 0 ,
il y avoit à l’embouchure de la riviere de Ga-
» ronne une Isle nommée Antros, de laquelle les reliques se
» voient aujourd’hui en l’endroit où est la Tour de Cordouan,
» selon l’opinion de plusieurs, et ainsi qu’a très-bien observé
» M“ Louis de Foix, excellent Architecte et Ingénieur du
» Roi, en jettant les fondemens d’un nouveau fanal audit
» lieu de Cordouan. »
On observera que ces mots,
selon l ’opinion de p lu sie u rs,
qui
se trouvent dans l’édition de cette
Chronique de 1 6 1 9 ,
n’exis-
toient pas dans les éditions en Latin de 1589 et 1590; ils y
ont donc été ajoutés après coup : Delurbe est donc le pre
mier qui a avancé cette opinion; celle-ci ayant été adoptée
par les Savans de ce temps, comme avancée par un Ecrivain
du pays, censé mieux instruit qu’un Etranger, a été suivie
sans autre examen par ceux qui leur ont succédé, et copiée
aveuglément par les nouveaux Géographes. On peut donc re
garder cette opinion comme dépourvue de fondement, quoi-
qu’avancée par l’Auteur de cette ancienne
Chronique.
On observera, en troisième lieu, que la dénomination de
Cordouan,
dérivée du nom du prétendu Architecte
Cordonc,
est
pour le moins une chose aussi incertaine, pour ne rien dire de
pis, que la construction de cette même Tour sur l’Isle d’An
tros. On le demande : quelle preuve en rapporte-t-on? dans
quel ancien Auteur ce fait se trouve-t-il consigné? On l’a
vance, on le copie, on le perpétue très-gratuitement. Il semble
qu’il seroit temps d’ouvrir les yeux, et de reconnoitre enfin
que ce fait n’a , ni ne peut avoir le moindre fondement.
A la bonne heure qu’on avançât que le mot
Cordouan
a
beaucoup d’analogie avec celui de
Cordoue,
ville dAndalousie,
placée sur le
G uada lqu ivir,
et qui fut pendant plus de deux
