6 2
VARIÉTÉS BORDELOISES
M. Bruzen de la Martiniere, dans son
D ictionnaire Géo
graphique,
au mot
Tour de Cordouan,
dit « qu’elle est placée
» sur un rocher qui est le reste d’une Isle que la mer a aby-
» mée. C’est proprement un phare, ajoute cet Auteur; Louis
» de Foix, célébré Architecte, la commença par ordre de
» Henri II, et elle ne fut achevée que sous Henri IV. Elle
» a, depuis ses fondemens jusqu’à l’obélisque, 150 pieds
» de haut, et est divisée par étages, tribunes et corridors.
» Tout ce bâtiment est d’une architecture admirable, et d’une
» très-belle pierre. Louis le Grand y fit faire de très-grandes
» réparations en 1665..... Il y a dans cette Tour un Gouver-
» neur, dont les appointemens se prennent sur un certain
» droit qu’on leve à Blaye sur tous les Vaisseaux qui entrent
» dans la riviere. » Il seroit inutile de rapporter ici d’autres
extraits, ce ne seroit que multiplier les redites; il vaut mieux,
à tous égards, approfondir la vérité, pour savoir à quoi s’en
tenir parmi ce tas d’opinions différentes.
On observera donc, en premier lieu, que ce qui peut avoir
donné occasion à Maichin d’attribuer la Tour de Cordouan à
la Saintonge, c’est que cette Tourétoit de son temps, et même
jusqu’en 1720, comme l’assure M. l’Abbé Expilly, « sous la
» direction des Intendans de la Rochelle; mais attendu, ajoute-
» t-il, que la nécessité de son feu regarde uniquement la
» sûreté du commerce qui se fait à Bordeaux, on chargea de
» la direction de cette Tour M. Boucher, alors Intendant de
» Guienne, qui, sur les ordres qu’il reçut de M. le Comte de
» Maurepas, la fit réparer et mettre dans l’état de perfection
» où elle est. » Il faut donc tenir pour certain que la Tour de
Cordouan n’a jamais été située dans un local qui fût une dé
pendance de la Province de Saintonge; qu’au contraire elle
a toujours fait partie, ainsi qu’elle le fait encore, de la côte
du Médoc, à laquelle sa position même l’attribue d’une ma
niéré des plus sensibles.
On observera, en second lieu, que si piresque tous les
