VARIÉTÉS BORDELOISES
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mouvement de cette Isle, celle-ci et son ancienne position
sont absolument inconnues dans le pays de Médoc. On
n’ignore pas que la plupart des Géographes, qui pour l’ordi
naire se copient les uns les autres, prétendent que le rocher
sur lequel est construite la
T ou r de Cordouan,
est un reste de
l’Isle d’Antros; mais ils le disent gratuitement, et sans en
rapporter la moindre preuve : cette prétention d’ailleurs est
combattue par la tradition subsistante dans le pays, selon
laquelle la mer a séparé du continent la
Tour de Cordouan,
où
l’on pouvoit aller anciennement à pied sec.
Cette tradition ne paraîtra pas dépourvue de fondement à
quiconque fera attention que le
P a s de Grave,
qui sépare
maintenant cette Tour de la terre ferme, a été fait par la mer,
au préjudice du territoire de
Yancienne Paroisse S a in t-N ico la s
de Grave,
qui étoit située au-delà de celle de Soulac, et dont
le
Pas de G rave
a retenu le nom. On peut ajouter, à l’appui
de cette tradition, la réflexion judicieuse que fait M. d’Anville
à ce sujet dans sa
Notice de la Gaule
(p. 70).
« L’opinion commune, dit ce savant Géographe, veut qu’il
» soit question, dans le texte de Mêla, du récif qui porte la
» Tour de Cordouan; mais on peut douter que l’emplacement
» de cette Tour, qui n’occupe qu’environ vingt toises sur une
» roche à fleur d’eau, ait attiré l’attention d’un Auteur aussi
» succint que Mêla dans sa
Géographie,
et il faut même conve-
» nir, que, s’il en est quelque mention actuellement, ce n’est
» que par rapport au phare qu’on voit élevé en cet endroit. »
Il seroit inutile de citer ici le grand nombre d’Ecrivains
qui ont embrassé l’opinion combattue par la tradition du pays
et par la judicieuse réflexion de M. d’Anville ; quand ils
seraient encore en plus grand nombre, leur autorité ne seroit
pas suffisante pour en être crus sur un fait de cette nature,
dont d’ailleurs ils ne rapportent aucune preuve. Leur opinion
seroit bien plus insoutenable, si celle d’Adrien de Valois se
trouvoit fondée.
