Recits_Contes_Populaires - page 73

Nous étions inquiets et affairés autour de lui depuis un long moment,
nous demandant s’il allait trépasser, lorsque soudain son visage s’éclaircit.
Sa poitrine se souleva, il poussa un soupir, ouvrit les yeux et revint à
lui. Il était sauvé. Nous le déposâmes sur des branches de saule et quatre
personnes le transportèrent à la cantine pendant que deux autres suivaient
en portant la couleuvre. Moi, je portais la tête au bout d’un bâton pointu.
Une fois arrivés au baraquement, nous avons installé le « maître
baradier » sur un lit afin qu’il puisse se reposer car l’émotion l’avait
anéanti. Un demi-verre de vin chaud et, peu après, il s’endormait.
On avait étendu le serpent devant la porte. C’était une couleuvre aux
plus belles couleurs jaune et noir ; elle faisait neuf pieds de long et était
grosse comme une bouteille. Jamais on n’avait vu une telle bête dans le
pays ; elle pesait quarante-six livres.
On la promena durant deux jours dans les bourgs et les villages des
environs pour ramasser les œufs que les gens nous offraient en
récompense. Après cela, nous l’avons dépecée et empaillée.
Le « maître baradier » en fut quitte pour trois ou quatre jours de repos
et resta pâle pendant un mois, tellement la secousse avait été rude.
Les blasons
Les habitants de Salaunes (Las gents de Selaunas)
On trouvera ici l’explication du surnom de « Gahèts » donné aux habitants
de Salaunes situé au sud de la lande médoquine. Le terme
gahèt
était appliqué
au Moyen Age, dans la région bordelaise, à des communautés marginalisées de
cagots ou de lépreux (voir
gafo,
en castillan, qui veut dire : lépreux).
Il serait donc péjoratif. Le texte utilise ici une trame assez connue de conte
facétieux qui a été empruntée de la même manière pour blasonner les habitants
de Brach, en Médoc, ou ceux de Biscarosse, dans les Landes.
Les habitants de Salaunes sont également moqués sans référence directe à un
surnom collectif mais par les deux variantes suivantes du conte facétieux du type
T 1210 de la classification d’Aame et Thompson :
— Les Salaunais remarquent qu’il y a de l’herbe sur le toit de leur clocher.
Ils décident alors de hisser un bœuf sur l’église en l’attachant par le cou, avec
une corde. Pendant qu’ils tirent de l’autre côté du bâtiment, ils crient : «
Tira,
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