L’infortuné Roumillac (Lo praube Romilhac)
Le
praube Romilhac,
qui vécut plus que prévu, est à mettre en parallèle avec
une autre version médoquine :
Lo praube de Pavilhac
(Le pauvre de Pauillac).
Cela s’est passé à Saint-Laurent. Et vous pouvez me croire, on m’a
dit que c’était vrai. Il y avait un malheureux vieillard qui s’appelait
Roumillac. Il n’avait pas beaucoup d’argent, mais peut-être assez pour
le restant de ses jours. Il se rendit chez le sorcier afin de savoir quand
il mourrait. Alors le sorcier lui dit :
—
O ! dens detz ans.
(Oh ! Dans dix ans.)
Le pauvre répartit ses pauvres économies, car il n’était pas riche, sur
dix années. Et il vécut pendant dix ans, oui ! Mais après, il n’avait plus
rien à manger. Il vécut bien plus longtemps ; la mort l’avait oublié. Il
ne restait plus que la charité publique et les gens faisaient la quête pour
ce pauvre vieux. Ils chantaient :
Hadètz la charitat
End aqueth praube Romilhac,
Que trop viure l ’a trompât.
Faites la charité
À cet infortuné Roumillac,
Car trop vivre l’a trompé.
75
