Bordeaux. En même temps, en cette période troublée de la guerre de Cent Ans,
il fut un personnage politique important qui soutint activement la cause
anglo-gasconne >. Après sa mort, survenue en 1458, il demeura vivant dans la
mémoire populaire. Bien que l’enquête de canonisation qui suivit son décès ait
été interrompue pour des raisons mal connues, il est, encore aujourd’hui considéré
par les Médoquins comme un saint. Ils attribuent un pouvoir surnaturel à son
sceau conservé par les habitants de Saint-Raphaël. La chapelle qu’il fit construire
dans ce village est le lieu de nombreuses autres croyances. Par exemple, on disait
qu’une femme stérile devait faire neuf fois le tour de l’église afin d’avoir des enfants.
À saint populaire, origine miraculeuse, la légende, ici aussi, a fait son œuvre.
Pey Berland était berger. Il habitait à Saint-Raphaël. Un jour, il gardait
ses moutons. Il était assis et avait nettoyé un petit espace de terre, avec
son pied, devant lui. Et à l’aide de son bâton, il était en train d’écrire
quelque chose. Il ne savait ni lire ni écrire ; or, il traçait des signes sur
le sol. C’est alors que survint un
« mossur »
(un « monsieur »), qui était
curé... je ne sais pas au juste ce qu’il était, un évêque peut-être... et qui
s’intéressa à ce que faisait le gamin :
—
Que hèdes donc, mon petit, aqui ?
(Que fais-tu donc, mon garçon ?)
—
O ! Be,... m ’amusi.
(Oh! Eh bien, je m’amuse.)
—
Sabes ce que as escriut ?
(Sais-tu ce que tu as écrit ?)
—
N ani.
(Non.)
—
E be ! As escriut de las frasas en latin.
(Tu as écrit des phrases en
latin.)
Ainsi ce monsieur qui était curé, je ne sais pas trop, s’attacha à Pey
Berland. Il lui fit quitter son occupation de berger, puis l’amena à
Bordeaux où il devint ce que nous savons
2.
Voilà la légende...
L’objet sacré
La cloche participe traditionnellement du sacré et tout signe qui se produisait
en relation avec elle devait être interprété.
A Vensac, en Bas Médoc, ces signes auraient même été préalables à son
installation définitive en haut du clocher. Ils débutent par l’image, rencontrée
ailleurs, du sabot d’animal découvreur d’objet sacré.
81
