La cloche de Vensac
Il y avait une fois un jeune vacher qui surveillait ses vaches dans la
« lède » 1 de Vensac. Il avait dans son troupeau un beau taureau qui
faisait son orgueil. Mais depuis quelque temps, le vacher s’était aperçu
qu’il disparaissait tous les jours, à peu près à la même heure...
Il voulut savoir où il allait et se mit à le suivre à la trace.
Le taureau, sans s’inquiéter de rien, se dirigeait tout droit vers l’océan.
Il descendit sur la plage, partit vers une petite butte de sable qu’il se
mit à lécher et à gratter avec ses sabots.
Le vacher ne comprit rien à ces gestes. Mais le soir, il en informa ses
patrons. L’histoire se répandit et des hommes, armés d’outils, allèrent
à l’endroit indiqué.
Le sable fut rapidement enlevé et ils trouvèrent une très belle cloche
en métal.
Les seigneurs d’alors, qui étaient les maîtres du Pays, décidèrent de
la faire amener à Lesparre 2. Des attelages furent donc commandés pour
faire le charroi. On attela deux bœufs puissants et tout se passa bien
jusqu’au chenal du Gua que l’on traversait, en ce temps-là, sans pont.
Arrivés là, malgré les efforts de l’attelage, la charrette n’avançait pas d’un
pas.
Les charroyeurs estimèrent que la charge était trop lourde et une
deuxième paire de bœufs fut attelée. Mais la charrette ne bronchait
toujours pas. On essaya une troisième paire, mais là encore, on aurait
dit que la charrette s’était embourbée.
Que faire ? Les attelages commençaient à renâcler et à secouer la tête
en la tournant toujours dans la direction d’où ils venaient.
Quand les bouviers s’en aperçurent, ils dételèrent les bœufs et ne
laissèrent à la charrette que le premier attelage qui ne se fit pas prier
pour changer de sens en faisant face au bourg de Vensac.
Arrivés au pied de l’église, les bœufs s’arrêtèrent comme pour dire :
« Cette cloche ne doit pas aller plus loin ! » Et la cloche resta à Vensac.
Les gens s’étonnèrent d’entendre des sons si nets et si clairs.
83
