NOVIOMAGUS
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orto,
annoncent clairement que ce n etoient point des incen
dies ordinaires, mais un feu qui, selon les apparences, par-
toit du sein même de la terre.
Un vent du Sud, dont la violence renversoit les forets, mit
le comble à tant de désastres. Les maisons, avec ceux qui les
habitoient, furent enlevées, et devinrent le jouet de 1impé
tuosité de ses tourbillons.
Ventus cluster tain violens f u i t , ut
sylvas prosterneret, domos vel sepes erueret, botninesque usque ad
internecionem volutaret.
Si Noviomagus a péri par les eaux,
comme on n’en peut douter, c’est sans contredit a cette épo
que si terrible pour le Pays Bordelois, qu’il en faut fixer la
destruction. Comment se pourrait-il qu’une Ville placée au
bord de l’Océan, et sur-tout sur la côte occidentale du Mé-
doc, eût pu résister à l’impétuosité extraordinaire des vents,
et qui, joints aux inondations affreuses qu’on éprouvoit pour
lors, dévoient agiter la mer d’une maniéré horrible, et la
faire sortir beaucoup au-delà des bornes qui lui sont pres
crites ?
Qu’il soit permis, d’après la description d’une époque aussi
fatale au pays que nous habitons, d’observer que des tem
pêtes telles que celles dont on vient de parler, doivent avoir
opéré bien du changement sur nos côtes. Il n’y a point de
doute que les établissemens les plus avancés vers la mer
n’aient grandement souffert, et que Noviomagus n’est peut-
être pas le seul qui ait péri dans cette occasion. Au moins
est-il certain que nos côtes, actuellement presqu’inaccessibles,
étoient anciennement très-fréquentées, et qu’il s’y faisoit un
commerce très-considérable avant même que les Romains ne
parvinssent à réduire l’Aquitaine sous leur domination.