VARIÉTÉS BORDEI.OISES
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qui serait une preuve incontestable des progrès qu’aurait fait
la mer sur nos côtes.
Mais, sans entrer plus- avant dans une question à laquelle
on aura lieu de revenir dans le cours de cet Ouvrage, on
observera que, suivant la lieve de 1420, l’Eglise de Saint-
Pierre de Lillian payoit pour les quartieres une
squarte
et
demi-boisseau de froment et autant de millet; et qu’en 1546,
cette Eglise étoit si pauvre (sans doute à cause des désola
tions de la mer), qu’on avoit été forcé de réduire à dix sols
le montant de ses quartieres.
N o n so lvit,
dit l’Auteur de cette
lieve,
n isi d e em solidos, propter paupertatem .
Cette Eglise ne tarda pas long-temps à être abandonnée;
est deserta,
dit l’Auteur de l’ancien pouillié manuscrit, qui
remonte à peu près à l’époque de 1546; et pour qu’on ne
puisse pas soupçonner qu’elle ait été couverte par les sables
de la mer, que les vents accumulent en forme de dunes sur
nos côtes, elle est couverte par les eaux,
est cooperta aquis,
dit l’Auteur du pouillié imprimé en 1648, ainsi qu’on l’a
déjà vu.
L’ancienne Paroisse de Lilhan est donc entièrement perdue ;
il y a lieu de présumer que la majeure partie de son terri
toire a été englouti dans la mer. S’il en eût existé une por
tion assez considérable pour fournir à la subsistance de ses
habitans, ils auraient sans doute pris le parti de démolir leur
Eglise et de la reconstruire ailleurs. On pourrait citer plu
sieurs exemples, dans ce Diocese, de pareilles reconstructions
d’Eglises pour des cas entièrement semblables.
Il faut pourtant convenir qu’il existe dans la Paroisse de
Soulac, un Village qui porte le nom de
L ilhan ;
et qu’à un
quart de lieue de ce Village on voit un
p iq u e t,
c’est-à-dire,
une dune de sable très-considérable qui est isolée, et qui
porte encore cette dénomination. Seroit-ce un reste du terri
toire de cette ancienne Paroisse ? C’est ce qui paraît assez
vraisemblable, mais qu’on ne peut assurer d’une manière