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VARIÉTÉS BORDELOISES
en est éloigné pour le moins de six grandes lieues. Telle est
au vrai la position du
quartier de D o n n issa n ,
soit à l’égard de
l’extrémité actuelle du Médoc, soit à l’égard du fleuve de
Gironde, soit enfin à l’égard de la côte de l’Océan. Or, cela
étant certain et incontestable, comment accorder ce que dit
Ausonne dans ses Epitres à Théon, avec la véritable situation
de ce Village ?
On a déjà vu que, suivant ce Poëte, l’habitation de Théon
étoit placée à l’extrémité et sur la côte occidentale du Mé
doc. Or il s’en faut de beaucoup que cette position puisse
convenir en aucune façon au
quartier de D o n n issa n ,
qui est
plutôt dans l’intérieur du Médoc que dans son extrémité vers
la mer, et qui est beaucoup plus près de la Garonne que des
côtes de l’Océan.
Ce n’est pas tout : Ausonne, dans cette même Epitre,
nous représente
D om noton,
comme une maison très-bien si
tuée pour la pêche du poisson de mer, et très-bien pourvue
de filets de toute espece et de tout ce qui étoit nécessaire
pour cet exercice ; on en peut juger par l’extrait suivant de
l’Epitre d’Ausonne à Théon, dont on va rapporter la traduc
tion mot pour mot, d’après l’Abbé Jaubert lui-même.
« Tout l’ameublement de Donnissan (il aurait dû dire de
» Domnoton ) , ne consiste ordinairement qu’en des filets
» pleins de noeuds, propres à prendre
les poissons de la
»
mer ;
qu’en éperviers, en tramails, et autres especes de
» filets auxquels les pêcheurs donnent divers noms; en cou-
» loirs d’osier et en hameçons garnis de vers de terre...
» Votre maison est remplie
des dépouilles de la m er ;
c’est
» elle qui vous fournit
le créac de B itch ,
la mortelle tare-
» ronde, etc. »
Peut-on douter, d’après cet extrait, que
Domnoton
ne
dût être placé sur les côtes de la mer? Or, cela étant,
comment a-t-on pu l’identifier avec le
Village de D onnissan,
situé au milieu d’une lande aride, qui n’est pas à portée de
