Recits_Contes_Populaires - page 84

LA MAGIE
La légende fait quelquefois intervenir des aspects magiques, voire diaboliques
ou participant de la sorcellerie. Les récits suivants s’attachent à un lieu, à une
personne ou à un fait précis auprès desquels la magie ou la sorcellerie est prise
en compte.
Déjà, au x v ' siècle, l’archevêque Pey Berland, lui-même médoquin, se plaignait
de la superstition qui régnait dans sa patrie. Cette représentation se retrouve dans
un compte rendu fait par de Caila *, au début du x ix ' siècle, dans les Mémoires
de l’Académie celtique. Certains rites du mariage y sont décrits d’une façon qui
ne tend pas à cacher les préjugés de l’auteur :
« Les habitants du Médoc, donnent à leurs mariages plus d’éclat (que dans
les Landes). Ce sont des cris, des hurlements qui accompagnent cette fête, et non
cette joie calme et pure qui embellit ce respectable lien. La future choisit son
plus proche parent, à qui elle donne, les larmes aux yeux, son mouchoir que celui-ci
place au bout d’un bâton orné de rubans, et prend le nom de “ porte-enseigne ”,
Il est assisté d’un autre convive armé d’un bâton de petit houx.
Le
“porte-enseigne "favorise la marche du cortège, le “porte-balai
chasse les esprits,
les lutins, les sorciers qui voudraient troubler la fête par quelque maléfice.
Cette
marche se fait, comme je viens de le dire, au milieu des cris les plus aigus qui
rappellent plutôt les “ Evohe ”, les “ ïo bacche ”, que les accens modestes du
paisible hymen. »
Étrangeté des croyances et des rites transparaissent aussi, cinquante ans plus
tard, dans les observations faites par E. Feret 2 sur les funérailles dans la partie
occidentale du Médoc, où, d’après lui, « le Landescot tient peu à la vie » :
« (...) La famille, nous parlons des plus proches parents, suit le cercueil à
l’église, jamais au cimetière.
Hommes et femmes vont se coucher au moment de
la sépulture ;
usage singulier qui ne peut être considéré que comme le simulacre
d’une excessive douleur. Nous serions d’autant plus portés à le conjecturer, qu’il
n’est point de pays où les funérailles soient accompagnées de plus de cris, de
sanglots et de pleurs, étalage de sensibilité qui s’accorde mal avec le calme que
nous venons de signaler. »
Pratiques superstitieuses ou non, notre propos n’est pas de nous poser cette
question d’ailleurs inepte, mais de donner quelques aperçus des productions
littéraires engendrées par ce domaine.
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