NOTES SUR SAINT-MICHEL DE RIUFREYT
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clocher de Saint-Michel, qui, dans une enquête du 25 Dé
cembre 1444, est simplement appellé
Ccimpanille,
diminutif de
Campanarium,
et qui ne porte pas avec soi l’idée d’un édifice
fort élevé, étoit construit en ce même lieu et au-dessus de la
Chapelle du charnier ; et en effet il est porté en compte, dans
ce même temps, ce qu’il en coûta pour des échafauds néces
saires pour démolir l’ancienne voûte du clocher,
per devara,
est-il dit dans le registre,
la voûta velha deu cloquey.
C’est donc cet ancien édifice qu’on abattit pour lors, pour
dégager le bas de ce clocher; et ce fut vraisemblablement
après cette démolition qu’on construisit les murs qui sont
entre les gros piliers, depuis le bas jusqu’au premier arceau,
et qu’on jugea à propos de soutenir ce ceintre par des arc-
boutans, ou petits piliers qui y vont buter, et qui sont placés
au milieu de six gros piliers qui soutiennent tout l’édifice.
A mesure qu’on démolissoit ces anciens murs, on jettoit
les fondemens de ces petits piliers. On y mit des pierres
d’une grosseur énorme, et on trouve, dans ce registre, qu’il
fut payé vingt-quatre liards au nommé Gassiot, bouvier, et à
ses compagnons, pour avoir traîné, avec trois paires de bœufs,
une grande pierre dure jusqu’au clocher, pour y être mise au
second fondement de ces petits piliers. On plaça, dans un de
ces fondemens, une autre grande pierre qui pesoit environ
deux tonneaux de vin.
Il y a apparence que le peuple, qui étoit attentif à ces
démolitions, craignit qu’il n’en résultât quelque chose de
fâcheux pour le clocher; en effet, il se répandit un bruit, dans
Bordeaux, que cet édifice menaçoit ruine. Ce bruit s’accrédita
, de telle sorte, qu’on fut obligé d’y faire monter des Archi
tectes;
et asso,
est-il dit dans ce registre,
per visitar lo cloquey,
à causa deu parlar deu monde, que dixen que lo cloquey volé
tombar.
Ces Architectes, l’ayant examiné avec attention, firent leur
rapport le 3 Avril 1493. Ils attestèrent que ce clocher étoit