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VARIÉTÉS BORDELOISES
a tout lieu de penser que le clocher que Pierre Berland, Ar
chevêque de Bordeaux, venoit de faire construire, détermina
les Habitans de Saint-Michel à en faire bâtir un plus élevé et
plus magnifique.
Quoi qu’il en soit, il résulte évidemment de ce qu’on vient
de rapporter, d’après ce registre de dépense, que les Anglois
n’ont eu aucune part à la construction de ce clocher, et que
cet édifice, qui fait un des ornemens de Bordeaux, ne pré
sente rien à la vue qui puisse faire déshonneur à la France.
Ce monument est déjà bien endommagé; il est même à
craindre qu’il ne le soit bientôt d’avantage. Il seroit à sou
haiter que les Paroissiens de Saint-Michel, marchant sur les
traces de leurs ancêtres, s’intéressassent au rétablissement de
ce clocher, qui est un des plus beaux et des plus élevés du
Royaume, et dont la gloire de l’avoir fait construire est incon
testablement acquise aux anciens Habitans de cette Paroisse.
P. S.
On croit devoir ajouter ici quelques anecdotes con
cernant ce clocher, qui n’ont été découvertes qu’après coup.
On est persuadé, par avance, que le Public les lira avec
plaisir. Les voici telles qu’on les a trouvées dans un ancien
manuscrit, où quelque Curieux de ce temps-là, émerveillé de
la beauté et de la hardiesse de cet édifice, les avoit consignées
pour en conserver et perpétuer la mémoire. Nous les donnons
au Public dans le même langage qu’elles sont écrites dans cet
ancien manuscrit.
« L’an mil quatre cens septante dus, lo vingt nau jorn de
» Feburey fo commensat lo cluchey de Sent-Micqueu de Bor-
» deu, per mestre Johan Lobas, et accabat per son filh mestre
» Johan Lobas, et fut pausade la darreyra peyra lo jorn de
» Sent Mauritii, vingt-nau jorn de Septembre, l’an mil quatre
» cens quatre-vingt et dotze; et lo huyt jorn de Novembre
» fut pausade la crotz benedeyta per Garney Evesque Portatiu,
» Prieu de Bardanac, présent Yves Reu, Prestre Rectorque de
» Portetz. »
