NOTES SUR SAINT-MICHEL DE RIUFREYT
9 7
Celles qui sont appellées, dans ce registre,
eûtes,
et que je
soupçonne être ces pierres sculptées et saillantes, en forme
de crete, dans le milieu des façades de cette pyramide, au
bas desquelles on remarque des jours ou ouvertures qui res
semblent assez à des larmes, et qu’on confond mal à propos
avec le sommet des fleurs-de-lys renversées; la coupe de ces
pierres revenoit, dans le commencement, jusqu’à trente-six
liards ; mais à mesure que cette pyramide s’élevoit, et que
les façades devenoient plus étroites, le travail de ces pierres
n’étant pas pour lors aussi considérable, je trouve qu’elles
coûtoient moitié moins.
Pour ce qui est des autres matériaux, on les achetoit dans
cette même proportion. Il est aisé d’en rapporter des preuves.
On porte, par exemple, quatorze liards de dépense pour trois
tombereaux d’arene, et pour une pipe d’eau. On fit venir,
de la Paroisse de Podensac, un millier six pipes et deux
boisseaux de chaux, qui, rendus en Ville, ne coûtèrent que
douze francs et huit liards.
On comprend bien qu’il n’étoit pas possible d’élever un
édifice aussi haut, sans un grand nombre d’échafauds; aussi
trouve-t-on, dans ce registre, des achats continuels de divers
matériaux pour en construire. Les pannes de vingt pieds de
longueur qu’on y employoit, sont portées en compte vingt-
quatre liards la piece ; la douzaine de soliveaux un franc
douze liards; les cables, pour lever les matériaux, ne coû
toient que quatre liards la livre, et celle du fer mis en œuvre
n’étoit payée que sur le pied de trois liards.
Les journées des Manœuvres étoient à trois sols, et on
faisoit travailler, pendant une année entière, un Entrepreneur
pour soixante francs. Huguet Bauducheau lui-même, qui
paraît avoir eu la conduite de cet édifice, n’avoit point de
plus forts gages; il est vrai que, pour lui donner quelque
marque de reconnoissance pour les services qu’il avoit rendus
jour et nuit à la Fabrique, pendant dix années entières, on
T. III.
{Édit. Baur.,
vol. V.)
•
*
7
