NOTES SUR SAINT-MICHEL DE RIUFREYT
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biens de la Ville, et de l’emploi de ses revenus; les Eglises,
les Fabriques, et les autres Corps ecclésiastiques et séculiers
étoient gouvernés par les naturels du pays.
J’avance ce fait sur la foi de plusieurs registres du temps,
qui existent encore dans différentes archives de cette Ville.
Parmi un nombre presqu’infini de noms d’Habitans de Bor
deaux qui s’y trouvent inscrits, à peine remarque-t-on un
seul nom Anglois; preuve certaine que ceux-ci étoient en
très-petit nombre dans cette Ville, et qu’ils ne s’y mêloient,
en aucune façon, du gouvernement des affaires des différens
Corps dont elle est composée. Comment auroient-ils donc
construit les divers édifices dont un aveugle préjugé leur at
tribue l’honneur? D’ailleurs ils n’auroient pu en former le
projet, et encore moins l’exécuter, sans le consentement de
ceux qui dévoient en faire la dépense.
Dira-t-on que le Ministère d’Angleterre fit construire, à ses
dépens, le clocher de Saint-Michel ? Une supposition de cette
espèce ne feroit pas beaucoup d’impression sur l’esprit de
ceux qui savent de quelle façon les choses se conduisoient
pour lors dans Bordeaux.
Il ne sera pas difficile d’établir que les Syndics Fabriciens
de l’Eglise de Saint-Michel firent construire ce clocher; qu’ils
n’y employèrent même ni Maçons ni Architectes Anglois; et
en jugeant, par cet exemple, des autres monumens sur les
quels on a de pareils préjugés, il sera aisé de se convaincre
que, mal à propos, on attribue aux Anglois tout ce qu’il y a
d’anciens et beaux édifices dans Bordeaux.
Avant d’entrer dans le détail des preuves, j’observerai qu’il
y a, dans le bas de ce clocher, un ancien charnier rempli
d’ossemens, tel qu’est celui qu’on voit dans le cimetiere de
Saint-Seurin.
Ce charnier est très-ancien, et on trouve que, dès l’an
1397, les Confreres de la Confrairie de Saint-Michel y firent
célébrer, suivant l’usage, un anniversaire le jour de l’Inven-
