1876_II - page 207

TOMBE DE CAÏPHAS
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sentation en sculpture d’une lionne qui accable par son poids
deux lionceaux. Cette figure est accompagnée des trois Vers
suivans, qui en donnent l’explication :
Alma leœna duces sonos parti, atque coronat,
Opprimit banc natus Waitfer malè sanus alumnam,
Sedpressas gravitate luit sub pondéré pœnas.
Ce qui signifie que
YAquitaine,
semblable à une lionne,
engendre et couronne des Ducs remplis de cruauté, et que
Waifre qui, comme un fils dénaturé, avoit opprimé celle qui
l’avoit nourri et élevé, subit, sous le poids qui l’accable, la
peine qu’il mérite.
Quelle est la premiere idée qui se présente à l’esprit de
celui qui, sachant l’histoire de Waifre, voit cette figure et
ces Vers dans une Eglise dont on attribue la fondation à ce
Prince? Il pensera d’abord que c’est l’épitaphe et le lieu de
la sépulture de Waifre, dont la vie et la fin tragique sont
exprimées en abrégé dans ces trois Vers.
On ne dissimulera point qu’une
Chronique manuscrite de
Limoges,
que
Besly
(chap. 6, p. 16) cite dans son
Histoire
des Comtes de Poitou,
rapporte ces Vers au couronnement des
Ducs d’Aquitaine, qui se faisoit, selon qu’elle le prétend,
dans cette Eglise de Saint-Sauveur. Elle ajoute que ce fut
Louis le Débonnaire
qui y fit placer cette figure et ces Vers.
Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans l’examen de ces faits;
il suffit d’observer qu’il paroît que l’Auteur de cette inscrip­
tion a eu plus en vue la mort funeste de Waifre, que son
couronnement, et qu’il semble donner à entendre que c’est
en ce lieu que ce Prince, environné des horreurs du tombeau,
subit la punition de sa révolte, qui avoit occasionné la déso­
lation de ses Etats. Quoi qu’il en soit, l’opinion qui établi­
rait sa sépulture dans cette Eglise, seroit sans contredit plus
vraisemblable, et paroîtroit mieux fondée que celle qui la
place au milieu d’un marais, et dans un tombeau sur lequel
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