VARIÉTÉS BORDEI.OISES
A la vérité ces deux Auteurs se sont mépris à l’égard du
jugement qu’ils en ont porté ; mais il n’en saurait être ainsi
à l’égard de l’ancienne existence de ce tombeau. Ils pouvoient
manquer de critique pour discuter la destination de ce monu
ment, mais ils n’avoient besoin que de leurs propres yeux
pour s’assurer qu’il existoit. M.
Venuti
n’ignoroit point cer
tainement ce qu’en ont écrit ces Auteurs ; mais voici ce qui
paraît avoir occasionné sa méprise :
« A l’occasion, dit-il, des magnifiques promenades dont
» M.
de Tourny,
Intendant de Guienne, vient d’embellir cette
» Capitale, on crut avoir trouvé les débris du tombeau en
» question. Je m’y transportai pour les examiner ; mais je ne
» pus rien reconnoitre qui approchât de la figure d’un tom-
» beau. Je ne vis qu’un gros carreau de maçonnerie rompu
» en plusieurs morceaux. Il paroissoit avoir été incrusté de
» marbre blanc; j’en remarquai plusieurs pieces. Enfin, ayant
» apperçu un grand trou quarré au milieu de cette masse
» informe, je ne doutai plus qu’elle n’eùt servi de base à
» une Croix de bois ou de pierre, qui avoit été abattue par
» les injures du temps. A cette base ainsi méconnoissable, le
» Peuple aura attaché l’idée du tombeau de
Waifre,
Prince
» célébré par ses malheurs, et dont le nom un peu défiguré
» avoit passé jusqu’à lui. »
Il semble que, par ces dernieres paroles, M.
Venuti
veuille
se rapprocher des Auteurs dont il rejette néanmoins l’opi
nion. Quoi qu’il en soit, ce gros carreau de maçonnerie,
qu’il jugea avec fondement être le piédestal d’une Croix, ne
saurait servir de base à son opinion. Il étoit situé derrière le
château du Ha, dans les terres qui étoient au-dessous de
l’ancienne ormiere ou plateforme, et qui sont maintenant au
couchant du petit Séminaire. On ne doit point être surpris
qu’on y ait trouvé la base d’une Croix. Il y avoit en ce lieu
un grand chemin, qui conduisoit de l’ancienne porte
du Far
ou
du Ha,
à l’Eglise de
Saint-Laurens d’Escures,
qui n’est pas
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