NOTRE-DAME DE SOULAC
35
» leur service. Je ne parle ici, continue cet Auteur, que des
» Eglises d’Occident, où la discipline Ecclésiastique reçut de
» très-grands cbangemens. Il fut nécessaire de s’accommoder
» au temps et de souffrir un mal auquel on ne pouvoit plus
» remédier; mais ce qui fut encore plus pernicieux à l’Eglise,
» c’est que les Princes
et les autres Seigneurs ne fire n t p lu s de
»
distinction des biens consacrés à D ieu et des biens profanes.
Il
» fallut se soumettre aux nécessités du temps, et les grandes
» guerres qu’on étoit obligé de soutenir furent cause que la
» meilleure partie des biens de l’Eglise tomba entre les mains
» des Laïques. »
Il ne faut donc pas être surpris si dans la suite ceux qui
avoient succédé à ces premiers Seigneurs, voulant faire ren
trer ces mêmes biens dans leur état primitif, appliquèrent à
la fondation des Monastères les Eglises particulières dont leurs
auteurs s’étoient emparés. La faute qu’ils firent, en se dé
pouillant de ces biens usurpés, fut de ne pas rétablir ces mê
mes Eglises dans leurs anciens droits et indépendance primi
tive; mais il crurent qu’il valoit mieux en user ainsi; et, à
dire vrai, nous ne pouvons en juger avec connoissance de
cause. Les temps et les mœurs sont si différens, qu’il y aurait
de la témérité de notre part d’essayer de le foire.
Il fout pourtant rendre cette justice aux Moines : les Eglises
qui leur ont appartenu sont ordinairement d’une construction
plus belle, plus vaste et plus solide que celles qui ont cons
tamment appartenu aux Ecclésiastiques. L’ancienne Eglise de
Soulac étoit du nombre des premieres. On ne sera pas peut-
être fâché d’en trouver ici la description, prise sur des plans
qui en furent tirés avant qu’elle ne fût entièrement couverte
par les sables.
Cette Eglise avoit vingt toises et un pied en œuvre, depuis
l’intérieur du mur vers le couchant, où étoit son entrée, jus
qu’au sanctuaire. Celui-ci avoit deux toises de profondeur,
sur vingt pieds de largeur, en œuvre. Il se terminoit vers le
