VARIÉTÉS B0RDEL01SES
42
cautions prises par notre bienheureux
Pierre B e rla n d ,
pour
l’acquit de sa fondation d’une lampe dans l’Eglise de Soulac.
Il ne faut pas s’imaginer qu’un usage généralement reçu ait
été étranger aux Eglises de ce Diocese. Indépendamment de
ce qu’on a déjà rapporté sur l’Eglise de Sainte-Croix de cette
Ville, toutes les Eglises de campagne respectivement étoient
dans un pareil usage, chacune à proportion de ses facultés ;
rien ne le prouve mieux que cette quantité de noyers qui
étoient anciennement plantés aux environs des Eglises et dans
les Cimetières mêmes, et qui périrent par les froids de l’an
née 1709. On les a remplacés en certains endroits; mais, au
lieu de tirer de l’huile de leurs fruits, suivant l’ancien usage,
on ies vend au profit des fabriques des Eglises.
F o rtuna t,
qui écrivoit dans le sixième siecle, nous fournit
une preuve de cet ancien usage, dans une piece de Poésie
qu’il fit à l’honneur de
Léonce, E vêque de Bordeaux.
Entre di
vers faits qu’il y rapporte en l’honneur de cet illustre Prélat,
il y fait mention d’un temple que celui-ci avoit érigé sous
l’invocation de la Vierge ; d’où ce Saint Evêque avoit trouvé
le moyen de bannir les ténèbres de la nuit par la grande quan
tité de luminaires qui le rendoient aussi éclairé qu’en plein
jour :
Ecce beata sacrajundasti Templa Maria,
Nox ubi victafugit, semper habendo diem.
Fortunat n’explique point en quel lieu ce temple étoit si
tué, si c’étoit en ville ou en campagne; ce qui est certain,
c’est qu’on ne le connoît point dans Bordeaux, et qu’il n’est
fait mention en aucune part d’une Eglise aussi ancienne, éri
gée sous l’invocation de la Vierge. Celle de Notre-Dame de
Soulac, qui étoit d’une très-haute antiquité, et dans laquelle
l’usage d’y entretenir un grand nombre de lampes et de lu
minaires s’étoit conservé, pourrait bien être celle dont cet
Auteur fait mention.
Ce qui pourrait favoriser cette conjecture, c’est que le Mé-
