VARIÉTÉS BORDELOISES
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vera seulement que les différentes donations de cette Eglise
occasionnèrent des contestations qui, suivant Dont Ceillier,
dans son
H istoire générale des A u te u rs Sacrés et Ecclésiastiques
(t. XXIII, p. 637 et suiv.), avoient commencé dès le Ponti
ficat d’Alexandre II (élu Pape l’an 1061, couronné le 30 Sep
tembre de la même année), et qui ne furent terminées qu’en
l’an 1079, dans un Concile tenu à Bordeaux, auquel prési
dèrent Amé, Evêque d’Oleron, et Hugues de Die, Légats du
Pape.
« Dès le Pontificat d’Alexandre II, dit dom Ceillier, les
» Moines de Sainte-Croix de Bordeaux avoient disputé à ceux
» de Saint-Sever, la possession de l’Eglise de Sainte-Marie
de
»
Solec
(il devoit dire de Soulac); Grégoire VII chargea ses
» deux Légats, Amé et Hugues, de terminer cette contesta-
» tion, et ils adjugèrent gain de cause aux Moines de Sainte-
» Croix. On a encore la Sentence qu’ils rendirent à ce sujet. »
On est sans doute surpris de trouver dans ces Chartres que
des Seigneurs Laïques disposassent des Eglises comme d’un
bien temporel; mais c’étoit une suite des malheurs des temps,
que l’Auteur de
YH istoire de l ’origine et des progrès des revenus
Ecclésiastiques,
publiée sous le nom de
Jérôme A costa,
expose
en ces ternies (t. I, p. 81, édition de Basle, de 1706) :
« Les Rois barbares, dit cet Auteur, ne se furent pas plu-
» tôt rendus les maîtres d’une partie de l’Empire Romain,
» que les Lois Civiles et Ecclésiastiques reçurent de grands
» changemens. Il fallut s’accommoder à l’esprit et à l’humeur
» de ces nouveaux Conquérans, qui se mêlèrent des affaires
» de l’Eglise. Il n’y eut plus la même liberté qu’auparavant
» pour l’Election des Evêques ; les Princes voulurent assurer
» leurs Etats, en ne donnant les Evêchés qu’à des personnes
» sur lesquelles ils pussent se reposer. Ainsi l’on commença
» à regarder les Dignités Ecclésiastiques comme des charges
» purement Laïques, qui étoient en la disposition des Prin-
» ces, et dont ils pouvoient récompenser ceux qui étoient à