VARIÉTÉS BORDELOISES
pose de se conformer. Il est temps de revenir à l’objet prin
cipal, que cette digression, qu’on a cru devoir faire, a en
quelque sorte fait perdre de vue.
On trouve dans un Opuscule de
B ernard G u idon ,
sur les
Saints du Diocese de Limoges, inséré dans la
N ouvelle B iblio
thèque
du P. Philippe Labbe (t. I, p. 630), que
Sainte Véro
n iqu e,
épouse de Saint Amateur, disciple de Saint Martial,
étant très-avancée en âge, et ne pouvant plus suivre ce Saint
dans ses prédications apostoliques, se fixa dans un lieu du
territoire de Bordeaux, situé auprès de la mer. Cet Auteur
ajoute que Saint Martial y fit construire et dédia une Cha
pelle sous l’invocation de la Vierge ; avec cette circonstance
que, n’ayant d’autre relique pour y placer que du lait de la
Vierge, ce lieu fut appellé Soulac, dénomination qui dérive,
selon cet Auteur, de ces mots :
So lum lac
(1).
Quelque pieuse que paroisse cette étymologie, elle n’est
pas néanmoins proposée par cet Auteur comme un article de
foi. On ne peut cependant dissimuler que dans l’ancienne Eglise
de Soulac, actuellement couverte par les sables de la mer, et
qui étoit dédiée sous l’invocation de la Sainte Vierge, il exis-
toit un autel de Sainte Véronique, sur lequel on prêtoit ser
ment pour attester la certitude des faits de quelque impor
tance; ce qui annonce le respect et la vénération que les
anciens habitans de cette contrée avoient pour cette Sainte.
Ce fait résulte de l’extrait suivant d’un titre du 3 Avril 1302 :
« Losquaus (y est-il dit) aven jurat sobre l’autar de la Sancta
» Varonica à Solac. » C’est la seule chose qui pourrait venir
â l’appui du fait rapporté par Bernard Guidon, quoique d’ail-1
(1)
Veronica autein, uxor Saudi Amatoris, beatum Marlialempradicantem
ubiquè sequens et devotissimè audiens, tandem confecta semo, 111territorio Burdv-
galensi super mare resedit, Capelld à beato viro Del Martiale illic in honorent
Virginis Matris Dei adificatd et dedicatd, qua
Solac
dicitur, pro eo quod solum
lac Virginis Maria ibi positum est, aliis Reliquiis ejusdem Virginis quas habebat,
alibi distributis.
(Nova Biblioth. Philippi Labbe, t. I, p. 630.)