1876_I - page 133

FORÊT DE LESPARRE
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qui habitoit dans le Bas-Médoc ; elles prouveront en même
temps que, quoique ce Poëte écrive à cet ami sur un ton
badin et ironique, néanmoins ce qu’il lui dit n’étoit pas, à
beaucoup près, dépourvu de londement.
Qu’on le remarque bien : entre diverses questions que lui
fait Ausonne, il lui demande s’il s’occupe, ainsi que son frère,
à la chasse aux certs, ou à celle des sangliers (i)? Dans l’état
où sont les choses, depuis plusieurs siècles, dans le Médoc,
où il n’existe plus ni forêts ni cens, se persuaderoit-on qu’il
en eût existé au temps d’Ausonne ? On serait donc porté à
regarder, comme un jeu d’esprit, tout ce que ce Poëte a écrit
à ce sujet. Mais actuellement qu’il est constaté que dans les
treizième et quatorzième siècles il existoit encore dans la Sei­
gneurie de Lesparre des forêts peuplées de cerfs et de san­
gliers , on n’est plus tenté de regarder, comme des questions
oiseuses, celles que faisoit Ausonne à son ami Théon. Celui-
ci s’occupoit effectivement, ainsi que son frere, à la chasse
des bêtes fauves; et ce n’étoit pas hors de propos que ce
Poëte l’exhortoit à ne pas s’exposer aux blessures qu’il pou-
voit en recevoir.
En suivant cette ouverture, on peut conclure que le Bas-
Médoc étoit un pays de commerce, où l’on apportoit des
denrées étrangères, entr’autres, du papier, tel qu’étoit celui
dont se servoient les anciens. Personne n’ignore que c’étoit
une plante qui croissoit auprès du Nil, et qu’on divisoit aisé­
ment en feuilles très-minces, sur lesquelles on écrivoit; et
c’est ce que donnent à entendre ces mots de cette même
Epitre,
scissamque p a p yrum .
On ne doit donc pas attribuer a
un pur badinage les questions qu’Ausonne faisoit a Théon,
(i)
An cum traire vagos dumeta per avia cervos
Circumdas maculis et malta indaginepinna ?
A ut spumantis apri cursum clamoribus urges ?
(Auson. ad Theonem, Epist. 5.)
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