1 0 2
VARIÉTÉS BORDELOISES
au sujet du commerce qu’exerçoit cet habitant du Médoc (i).
Il y a lieu de penser que Théon n’employoit pas tout son
temps à la chasse, et qu’il savoit en ménager pour des occa
sions favorables au commerce qu’il exerçoit. Il est certain,
d’ailleurs, qu’il y avoit anciennement, à l’extrémité duMédoc,
divers ports où les Navires pouvoient aborder; quelques-uns
de ces ports subsistoient encore dans le temps que les Anglois
étoient les maîtres de la Guienne. L’ancien commerce du
Médoc ne doit donc pas être regardé comme un être de
raison. Il en doit être ainsi de cette autre question, qui a
quelque rapport à l’exercice de la Prévôté, dont des Person
nes nobles, ainsi qu’on l’a déjà vu, ont rendu dans la suite
hommage au Seigneur de Lesparre.
An majora germs, totd Regione vagantes PersequerisJures ?
Il falloit certainement que Théon fût revêtu de quelqu’au-
torité pour donner la chasse aux voleurs qui vaguoient dans
le Médoc; c’est ce qui sert de base aux plaisanteries d’Au-
sonne, qui, sans cela, n’auroient point eu de sel. Les forêts
qui couvroient la partie occidentale du Médoc, étoient cer
tainement très-propres à favoriser les voleurs, et la quantité
de bestiaux qu’on y faisoit paître, pouvoit très-bien devenir
l’objet de leur cupidité et de leurs larcins.
D’ailleurs, ces forêts étoient bordées par l’Océan; c’étoit
une raison de plus pour qu’elles devinssent la retraite de ceux
qui, dépouillés de tout sentiment d’humanité, ~cnerchoient à
s’enrichir aux dépens de ceux qui avoient le malheur de faire
naufrage sur ces côtes. Ce qui est certain, c’est que ceux qui
fréquentent les côtes de cette contrée; et qui y font leur
i
Oitam tamen exerces medulorum in littore vitam ?
Mercatus-ne agitas ? Leviore numismate captons
Insanis quod inox pi'ettisgravis audio vendat.
(Auson.
ad
Theonem, Epist.
S.)