NOTRE-DAME DE SOULAC
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celles dont le Poëte Ausonne a fait l’éloge dans ses vers.
On a cru devoir faire ces observations, afin que les Etran
gers , qui liraient cette note faite par un Auteur natif de Bor
deaux, ne fussent pas induits dans une double erreur, soit en
confondant les anciennes huîtres du Médoc avec celles
de
gravette
qu’on trouve dans le pays de Buch, soit en s’imagi
nant que l’espece de celles-ci serait presque totalement per
due. Ce sont uniquement celles qu’on trouvoit sur la côte du
Médoc qui n’existent plus, et c’est à ces dernieres que se
rapporte ce que dit Sidoine Appollinaire dans son Epitre à
son ami Trigetius (Epist. 12, lib. 8) :
Veni cum mediterraneo
instructu ad debellcmdos, subjugandosque istos medulicœ suppel-
lectilis epulones.
Pour bien comprendre le sens de cette phrase, il faut ob
server que Sidoine Appollinaire, qui fut dans la suite Evêque
de Clermont en Auvergne, écrivit cette lettre de Bordeaux,
où il étoit, à Trigetius, qui faisoit son habitation à Bazas.
C’étoit en hiver, et on sait qu’en cette saison principale
ment, Bordeaux est pourvu de mets les plus exquis; il en
étoit sans doute ainsi dans ce temps-là, et les huîtres du
Médoc étoient pour lors un mets aussi friand pour les con
vives, que les
huîtres vertes
le sont à présent. Sidoine, qui
étoit logé chez
Léonce, citoyen de B o rd ea u x ,
et le plus grand
Seigneur de l’Aquitaine, écrivit à Trigetius d’une maniéré
aussi pressante que spirituelle, pour l’engager à venir le
joindre.
« Quoi donc, lui dit-il, la cité de Bazas, placée au milieu
des sables, a-t-elle tant d’attraits pour vous, et vous pos-
sede-t-elle d’une façon si intime, que toutes les sollicitations
qu’on vous a faites, le peu d’espace qui nous sépare, l’im
patience avec laquelle on vous attend depuis plusieurs jours,
n’aient pu jusqu’ici vous attirer à Bordeaux? Quoi! vous vous
montrez insensible aux désirs des personnes puissantes, à ceux
de vos amis, et vous ne vous laissez pas même tenter par