VARIÉTÉS BORDELOISES
visité les productions de ce territoire. Les marais salans y
sont couverts d’une petite absynthe, qui, loin de sentir mau
vais, comme celle de nos jardins, a une odeur balsamique;
analysée, elle rend une très-grande quantité de sels. Elle est,
selon les apparences, de la même espece que celle du pays
des Sanctons, qui étoit si célébré chez les anciens, et dont
Pline
(lib . X X V I I , cap. 4 ) e t
Dioscoride
( lib . I l l , cap. 2 8 )
font mention dans leurs ouvrages. Il y existe une autre plante
très-commune, la soude, dont les sels peuvent être d’un
très-grand usage.
Les endroits bas, près de la 111er, produisent une petite
centaurée dont les tiges ou rameaux n’ont pas au-delà de
trois à quatre pouces d’élévation. L’expérience apprend qu’elle
a plus de vertu que la centaurée ordinaire. Dans la saison, un
Botaniste trouverait dans l’étendue de cette Paroisse de quoi
satisfaire son goût. Le Naturaliste y trouverait également,
sur les côtes de la mer, des coquilles très-petites, à la vérité,
mais très-jolies par la variété de leurs couleurs et par la dif
férence de leurs figures.
Conviendrait-il, en parlant de Soulac, de passer sous si
lence les divers éloges que fait Ausonne des huîtres du Me-
doc, que le flux de la mer engraissoit dans des étangs d’eau
douce, et qui le disputoient en bonté à celles du golfe de
Baies (1)? Ce Poète, après être entré dans quelques détails
sur les différentes especes d’huîtres qu’on servoit a la table
des Grands, avoue ingénument à son ami Paul, qu’il n’en
trouve pas de plus exquises que celles qu’on pêchoit sur les
bords de l’Océan de Médoc, connues de son temps sous le
nom d
'h u îtres de B o rd e a u x ,
huîtres qui faisoient l’admiration
de la table des Empereurs, et qui chez eux n’étoient pas en1
(1 )
Ostrea baianis certanlia, qiue mcdulorum dulcibus in stagnis reflui
maris astus opimat accept dilecte Tbeon numerabile minus.
(Aufon. Epist. 6
adTheonem.)
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