Recits_Contes_Populaires - page 128

Laborurt, ditz, pre cui sudas ?
Dens la terra que remudas,
Lo blat sarà lèu germât.
Benlèu mestivaràs briga ;
Car sès pas de ta fatiga
Solide d ’estar pagat.
Vinheiron, ditz pre cui sudas ?
Podas las astas torçudas.
Benlèu n ’auràs pas de vin.
N ’as pas fenit tas esprubas ;
Ton most
n ’es pas dens tas cubas.
Ton mau n ’es pas a sa fin.
Païsan, ditz, pre cui sudas ?
Minjas
tas patatas crudas,
E pas totjorn pro de pan.
Sès una bèta sens ama.
Tant pis ; se crèbas de hame,
Sofriràs pas mèi deman.
Credes saber
pre cui sudas.
T a mila causas credudas
Que son pas la veritat.
N ’es pas res que
pre l ’armada,
Pr’aier ta rota pavada,
Païsan, qu’auras
tant sudat.
Païsan, sabi pre cui sudas.
N ’auràs pas besonh d ’estudas
Pre veire ant tos escuts van.
N ’i ’ a fort que ton trabalh sauva.
Buven lo trabalh dau praube
E lo sang dau païsan.
Laboureur, dis, pour qui peines-tu ?
Dans la terre que tu remues,
Le blé aura vite germé.
Peut-être ne moissonneras-tu pas ;
Car, de ta fatigue, tu n’es pas
sûr d’être payé.
Vigneron, dis, pour qui peines-tu ?
Tu tailles les sarments tordus.
Peut-être n’auras-tu pas de vin,
Tu n’as pas fini tes épreuves ;
Ton moût
n’est pas dans tes cuves.
Ton mal n’est pas à sa fin.
Paysan, dis, pour qui peines-tu ?
Tu manges
tes pommes de terre crues,
Et pas toujours assez de pain.
Tu es une bête sans âme,
Tant pis ; si tu meurs de faim,
Tu ne souffriras plus demain.
Tu crois savoir
pour qui tu peines.
On croit à mille choses
Qui ne sont pas la vérité.
Ce n’est pas seulement
pour l’armée,
Pour avoir ta route pavée,
Paysan, que tu auras
autant peiné.
Paysan, je sais pour qui tu peines.
Tu n’auras pas besoin d’études
Pour voir où tes écus s’en vont.
Ton travail en sauve beaucoup.
Ils boivent le travail du pauvre
Et le sang du paysan.
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