VARIETES BORDELOISES
semblent nous l’annoncer. Les gens de l’endroit nomment
encore à présent,
port des A ng lo ts
(c’est-à-dire des Anglois) un
local situé sur la côte de la mer, et il y avoit un chemin
appelé
de la Reine,
dont il subsiste des vestiges, et dont il est
fait mention dans des anciens titres. Ce chemin conduisoit de
Lesparre à cet ancien port situé aux environs de Soulac. Ce
chemin fut sans doute tracé ou réparé à l’occasion du passage
de quelque Reine, qui alloit s’embarquer dans le Bas-Médoc,
pour passer en Angleterre.
Ausonne fait mention, en quelques endroits de ses Ouvra
ges, des huîtres du Médoc, dont il fait de grands éloges (1).
Il semble qu’on peut inférer de ce qu’en dit ce Poëte, qu’on
trouvoit de son temps des huîtres, non seulement sur la
côte du Médoc, baignée par l’Océan, mais encore qu’on
en conservoit dans des étangs d’eau douce, où le reflux de
la mer qui y communiquoit, les perfectionnoit et leur don-
noit un goût exquis. Elles étoient les huîtres vertes de ce
temps-là.
Il n’est plus question maintenant des huîtres du Médoc,
autrefois si renommées, et qui faisoient l’admiration des tables
des Césars. Celles qu’on apporte à Bordeaux viennent du
Bassin d’Arcachon, et sont connues dans cette Ville sous la
dénomination d
'huîtres de gravette ;
on y en apporte aussi qui
viennent des marais salans de Marennes ou des environs, et
qu’on appelle
huîtres vertes.
Mais il n’y est plus question des
huîtres du Médoc, qui ont entièrement disparu de cette côte1
(1)
Ostrea baianis certantia, qua Medulorum
Dulcibus in stagnis reflui maris astus opimat
Accept iilecte Theon.
(Epist. 7 ad Theonem.)
Sed mihi pracutictis ditissima qua Medulorum,
Educat Oceanus, qua Burdigalensia nomen
Usque ad Casareas tulit admiratio mensas,
Non laudata minus nostri quàrn gloria vint.
(Epist. 15 ad Paulum.)
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