SAINTE-FOI DE MANSIROT
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habitans du Médoc fréquentoient pour y profiter du bris des
naufrages, ne contribuoit pas à leur inspirer des sentimens
d’humanité. On peut voir dans Cleirac (
Jugemens d ’O léron,
§ xxvi, p. 94 et suiv.), les horreurs qui se commettoient
sur differentes côtes de la mer. Mais pour s’en tenir à celles
du Médoc, on observera qu’il n’y a pas dans cette contrée
de terme plus usité que celui de
vagant,
qui dans le sens
naturel signifie un homme qui n’a ni feu ni lieu ; ce terme
dont on se sert très-communément dans cette contrée, par
forme d’injure, est très-ancien, puisqu’Ausonne s’en sert
dans une de ses Epitres à son ami Théon, natif et habitant
du Bas-Médoc. L’antiquité de ce terme et l’usage fréquent
qu’on en fait, annoncent qu’il étoit assez ordinaire de trouver
des gens de cette trempe sur les côtes de la mer. Il ne faut
donc pas être surpris si les Seigneurs de Lesparre se sont
appliqués anciennement à adoucir les mœurs de cette partie
de leurs tenanciers, en faisant des pieux établissemens dans
les endroits les plus écartés de leur Seigneurie.
Tel étoit celui de
M a n siro t
qui, selon cette même chartre,
fut surnommé
M a restanh ,
à cause de sa position,
secundùm
loci situm p la c u it appellari M arestagnum .
Sans doute que ce
lieu étoit placé entre la mer et un étang, c’est au moins ce
que donne à entendre ce mot,
M a resta g n um ,
et c’est ce qui
nous apprend que les anciens noms de lieux étoient signifi
catifs, et que plusieurs d’entr’eux étoient relatifs à leur posi
tion particulière.
Le lieu où ce Prieuré étoit placé n’est plus connu, ni sous
la dénomination de
M a n siro t,
ni sous celle de
M arestanh.
Il
en est de cet ancien Prieuré, ainsi que de la forêt de Lesparre,
et de tous les anciens établissemens qui étoient placés dans le
voisinage de l’Océan; ils ont tous été détruits et comme
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anéantis dans cette contrée. Tout ce qu’on peut dire sur la
situation de ce Prieuré, d’après la chartre de la fondation,
c’est qu’il étoit voisin de la forêt dont on vient de parler,
