1876_III - page 31

NOTICE DE LA PAROISSE DE LA BREDE
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Les femmes y sont laborieuses, frugales et sages en général.
Dans le Bourg, qui n’est peuplé que de Bourgeois et d’Arti­
sans, la corruption et le luxe ont fait beaucoup de progrès
depuis une trentaine d’années. Les filles s’y refusent aux tra­
vaux de la terre, et préfèrent l’état de Domesticité, que le
voisinage de Bordeaux et leur goût pour le luxe rend très-
dangereux pour elles. La nourriture commune des Paysans
est le pain de seigle, la
cruchade
ou bouillie de maïs, et quel­
quefois, mais rarement, celle de bled sarrasin. Le cochon et
la morue sont les mets favoris. Le vin est la boisson chérie
des Paysans pauvres ou riches : aussi l’ivrognerie est-elle le
vice par excellence. Les
Bredois
sont très-infatués des esprits,
des loups-garoux, et sur-tout des Sorciers, au point que les
mariages deviennent très-difficiles dans certaines familles qui
ont ce qu’ils appellent l
’accus,
c’est-à-dire, qu’on accuse de
sorcellerie. Ils se plaisent à bercer leurs enfans de contes de
diableries et de sabats, et ils vont jusqu’à indiquer les lieux
que le Diable choisit de préférence, pour y tenir le San-He-
drin, avec les Sorciers et Sorcières de la Paroisse, par exemple,
» vous fussiez. Si vous voyiez l’état où est à présent la Brede, je crois que
» vous en seriez content : les changemens que j’ai faits ont tout développé :
» c’est un papillon qui s’est dépouillé de ses nymphes. »
(A l’Abbé de Girnsco,
9
Novembre 1751.)
« Mon cher Abbé, pourquoi ne voudriez-vous pas voir vos amis, et le
» château de la Brede que j’ai si fort embelli depuis que vous ne l’avez vu ?
» C’est le plus beau lieu champêtre que je connoisse :
Suni m ihi cœlicolœ, aunt cætera numina Fauni.
» Enfin je jouis de mes prés, pour lesquels vous m’avez tant tourmenté;
» vos prophéties sont vérifiées; le succès est beaucoup au-delà de mon
» attente, et l’Eveillé dit :
Bondri bien que Moussu l’Abbé de Gouascobis aco!
»
(Au même, 16 Mars 1772.)
« Vous me parleriez de toute l’Europe; moi je vous parlerais de mon
» Village de la Brede et de mon château, qui est à présent digne de recevoir
» celui qui a parcouru tous les Pays. »
(Au même, 8 Août 1751J
« Vous avez grand tort de n’avoir point passé par la Brede quand vous
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