NOTICE DE LA PAROISSE DE LA BREDE
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Les femmes y sont laborieuses, frugales et sages en général.
Dans le Bourg, qui n’est peuplé que de Bourgeois et d’Arti
sans, la corruption et le luxe ont fait beaucoup de progrès
depuis une trentaine d’années. Les filles s’y refusent aux tra
vaux de la terre, et préfèrent l’état de Domesticité, que le
voisinage de Bordeaux et leur goût pour le luxe rend très-
dangereux pour elles. La nourriture commune des Paysans
est le pain de seigle, la
cruchade
ou bouillie de maïs, et quel
quefois, mais rarement, celle de bled sarrasin. Le cochon et
la morue sont les mets favoris. Le vin est la boisson chérie
des Paysans pauvres ou riches : aussi l’ivrognerie est-elle le
vice par excellence. Les
Bredois
sont très-infatués des esprits,
des loups-garoux, et sur-tout des Sorciers, au point que les
mariages deviennent très-difficiles dans certaines familles qui
ont ce qu’ils appellent l
’accus,
c’est-à-dire, qu’on accuse de
sorcellerie. Ils se plaisent à bercer leurs enfans de contes de
diableries et de sabats, et ils vont jusqu’à indiquer les lieux
que le Diable choisit de préférence, pour y tenir le San-He-
drin, avec les Sorciers et Sorcières de la Paroisse, par exemple,
» vous fussiez. Si vous voyiez l’état où est à présent la Brede, je crois que
» vous en seriez content : les changemens que j’ai faits ont tout développé :
» c’est un papillon qui s’est dépouillé de ses nymphes. »
(A l’Abbé de Girnsco,
9
Novembre 1751.)
« Mon cher Abbé, pourquoi ne voudriez-vous pas voir vos amis, et le
» château de la Brede que j’ai si fort embelli depuis que vous ne l’avez vu ?
» C’est le plus beau lieu champêtre que je connoisse :
Suni m ihi cœlicolœ, aunt cætera numina Fauni.
» Enfin je jouis de mes prés, pour lesquels vous m’avez tant tourmenté;
» vos prophéties sont vérifiées; le succès est beaucoup au-delà de mon
» attente, et l’Eveillé dit :
Bondri bien que Moussu l’Abbé de Gouascobis aco!
»
(Au même, 16 Mars 1772.)
« Vous me parleriez de toute l’Europe; moi je vous parlerais de mon
» Village de la Brede et de mon château, qui est à présent digne de recevoir
» celui qui a parcouru tous les Pays. »
(Au même, 8 Août 1751J
« Vous avez grand tort de n’avoir point passé par la Brede quand vous