1876_III - page 32

VARIÉTÉS BORDELOISES
la grande prairie qui borde la rive droite du ruisseau près du
Bourg. Je me souviens que dans mon enfance, je frémissois
quand je me trouvois seul le soir dans ce voisinage, sur-tout
près du lieu où l’herbe ne pouvoit croître, parce que le Diable
aimoit à y danser plutôt qu’ailleurs. Je ne remarque ici toutes
ces bêtises si communes dans les Campagnes, que pour que
MM. les Curés, qui liront ceci, y fassent attention. Eux seuls
peuvent rectifier les erreurs populaires en ce genre et en beau­
coup d’autres; et ces erreurs ont plus d’influence qu’on ne
pense sur la raison, la conduite et même le bonheur des
Paysans (1).
Il reste encore à la Brede quelques usages ridicules, qui se
sont perpétués de siecle en siecle; tel est, par exemple, celui
de berner les chiens le lendemain de la fête locale, et de les
lancer ensuite verticalement à perte de vue, souvent jusqu’à
ce que mort s’ensuive. Ce jour-là, malheur à tous les chiens
qui se trouvent dans les rues, et que leurs maîtres n’ont pas
attachés. Ce spectacle, assez barbare, attire beaucoup de ba-
dauts des Paroisses voisines. Quant à la cérémonie, tout aussi
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» revîntes d’Italie. Je puis dire que c’est à présent un des lieux aussi agréa-
» blés qu’il y ait en France, au château près, tant la nature s’y trouve dans
»
sa robe de chambre, et au lever de son lit.
»
(Au même,
4
Octobre
*7/2./
M. l’Abbé de Guasco a joint à ce texte une note qui n’est qu’un tissu d’inexac­
titudes. « Ce château (dit-il) est un bâtiment exagone, à pont-levis, entouré
» de doubles fossés d’eau vive, revêtu de pierre de taille. Il fut bâti sous
» Charles VII, etc. » Le château est un dodécagone, les fossés ne sont point
doubles. Il fut bâti sous Charles VI, en 1419, comme je l’ai dit plus haut.
« Votre lettre m’a été rendue à la Brede où je suis. Je me promene du
» matin au soir en véritable Campagnard, et je fais ici de fort belles choses
» en dehors. i>
(Au même, 28 Septembre 1753.)
« Je serai au mois d’Août à la Brede.
ORus quando te aspiciam !
Je ne suis
» plus fait pour ce pays-ci, ou bien il faut renoncer à être Citoyen. »
(Au
même,
9
Avril 1734, datée de Paris.J
(1) Ce grand nombre de siècles de ténèbres, qui ont précédé le dix-hui-
tieme, ont tous été infectés de ces erreurs, et de mille autres plus ou moins
1...,22,23,24,25,26,27,28,29,30,31 33,34,35,36,37,38,39,40,41,42,...511
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