1876_III - page 34

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VARIÉTÉS BORDELOISES
L’idiome du pays est à peu près celui de toutes les landes
et du Médoc, qui différé sensiblement de celui qui régné sur
la rive droite de la Garonne, depuis Blaye jusqu’à Saint-Ma-
caire. La différence caractéristique consiste sur-tout dans la
prononciation de
1
’/ , qui, dans le Gascon des landes, devient
presque toujours une
h
aspirée. Par exemple, on dira d’un
côté :
ey feyt dau fuc per caufa mon fourn,
et de l’autre,
ey
heyt dau hue per cauha moun hourn.
( J ’ai fait du feu pour
chauffer mon four).
Ma fille a hirat lou fen :
dans les landes,
ma bille a hirat lou hen
(ma fille a retourné le foin), etc.
Cette
h
aspirée (ainsi que le
b
toujours mis à la place du
v,
dès le temps même d’Ausonne) nous vient des Espagnols,
qui la tiennent des Arabes, et je crois aussi que le séjour des
Sarrasins en Guienne a beaucoup fortifié cette prononciation,
que les
Cousiots,
qui sont les Habitans des landes les plus re­
culées, font sentir bien plus fortement que les riverains. A
proprement parler, notre vrai patois Bordelois n’est qu’un
dialecte de l’Espagnol, et tous les deux ne sont exactement
que la langue Latine, corrompue à la vérité, mais infiniment
moins qu’elle ne l’est dans la langue Françoise actuelle, soit
» estranges, et hors de toute créance, dont les livres qui ont traité ce sub-
» ject n’ont jamais parlé ; voire mesmes que
le Diable est venu tenir ses assises
»
aux portes de Bourdeaux et ati carrefour du Palais Galienne,
comme n’aguieres
» a déclaré au supplice Isaac du Queyran, Sorcier notable, qui fut exécuté
» à mort en l’an 1609; il me semble qu’il est et sera grandement utile,
» voire nécessaire à la France et à toute la Chrestienneté de les voir rédiger
» par escrit, et ce pour plusieurs considérations. La premiere, etc.
» Tout cela doibt tellement confirmer les plus durs, stupides, aveugles
» et hébétés qu’il n’y a maintenant de quoi révoquer en doubte que la sor-
» cellerie ne soit, et que le
Diable ne transporte les Sorciers
réellement et
» corporellement au sabat, et partant il ne faut meshui plus disputer, ni
» hésiter là-dessus, mesmes après le consentement universel de toutes
» Nations, et la vue oculaire de tous les secrets que nous avons
veu de nos
»
yeux,
en tant que l’Eglise le permet à un franc Juge et bon Chrestien, qui
» ne doit entrer en des curiosités prohibées, etc.
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