134
VARIÉTÉS BORDELOISES
cette idée. S’il paraît encore à présent des retranchemens
auprès de ce Pont, dans le lieu appellé
la Terre de l ’A rg en t,
ils ont plutôt été faits pour la défense de ce Pont, que pour
le campement de l’armée de ce Général, qui se hâtoit de se
rendre au plutôt possible devant Bordeaux, où il paraît que
les François, qui en étoient pour lors les maîtres, ne l’atten-
doient pas.
Qu’il soit permis d’insérer ici l’extrait d’une chartre passée
dans la Chapelle du Palais Royal de Lombriere, et retenue
par Jean Boded, Notaire, le 4 Février 1452 (vieux style);
cet extrait sera d’autant plus curieux, qu’il apprendra des
particularités relatives à la descente de Talbot, qui ont été
ignorées jusqu’ici. C’est ce Général lui-même qui nous ap
prend dans cette chartre, qu’il assiégea Bordeaux avec une
grande armée, et qu’il la réduisit sous l’obéissance du Roi
d’Angleterre. Qu’on ne trouve pas mauvais, que pour plus
grande assurance, on inséré ici les propres termes de cette
chartre, quoique conçue en patois Gascon, qui n’est pas à la
portée de tout le monde.
« Lo Noble et Poyssant Senhor, Mossen Johan, Conte de
» Cherosberi, Senhpr de Talbot, Loquau
aya assitiada la
»
delta ciu ta t de Bordeu ab sa g ra n arm ada et companhia,
et
» l’aya reduisida ab la obediensia deu deyt nostre Très-So-
» biran Senor lo Rey d’Anglaterra et de Fransa, Duc de
» Guyayna. »
Il résulte, en second lieu, de cette chartre que Talbot,
après s’être rendu maître de Bordeaux, y fit son entrée so-
lemnelle, et fit publier que tous ceux qui avoient prêté ser
ment au Roi de France, eussent à s’abstenir de la prise, tant
de la personne des François qui se trouvoient pour lors dans
Bordeaux, que de leurs biens et effets.
« Et a prop ladeyta sa intrada et ladeyta reduction ed aya
» feyt evidar et notificar que negun qui agossa feyt lo segra-
» ment aux Francés no agossa a prene ni retenir deguns
