SEIGNEURS DE LESPARRE
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ainale qui subsiste encore, est peut-être le seul titre de cette
époque qui ait bravé dans ce pays les injures du temps, et
qui nous ait conservé la mémoire de ces anciens Seigneurs
de Lesparre, qui, sans cela, serait ensevelie dans un profond
oubli.
On se déchaîne quelquefois contre les donations que la
piété des fideles faisoit anciennement aux Eglises; il peut
certainement se faire qu’on en ait abusé, et de quoi n’abuse-
t-on pas? Mais où retrouveroit-on maintenant des preuves
écrites de l’antiquité de beaucoup de maisons nobles, si, au
moyen de ces donations, elles ne se trouvoient consignées
dans les archives des Monastères ou des anciennes Eglises?
On seroit porté à croire qu’un
G om baud,
Archevêque de
Bordeaux, qui présida vers l’an 989 au Concile de Charroux,
dans le Diocese de Poitiers, étoit de l’ancienne maison des
Seigneurs de Lesparre. On n’a point, à la vérité, des preuves
positives de ce fait ; mais, à bien examiner la chose, elle ne
paraît pas dépourvue de vraisemblance. Seroit-il en effet
surprenant que les Seigneurs de Lesparre, qui ont fait quan
tité de pieux établissemens dans l’étendue de leur Seigneurie,
ainsi qu’il seroit aisé de le prouver; qui d’ailleurs ont fait
paraître leur munificence envers l’Eglise Matrice, ne fût-ce
que par le don dont on vient de parler, eussent eu un fils,
qui, élevé dans l’état ecclésiastique, eût été nommé Arche
vêque de Bordeaux, dans un temps sur-tout où le choix des
Archevêques étoit au pouvoir des Chanoines de cette même
Eglise ? Les Seguin, les Andron, les Cabanac, originaires du
Pays Bordelois, et qui, dans l’espace d’un peu plus d un
siecle, succédèrent d’assez près à l’Archevêque Gombaud,
prouvent que dans ce temps-là on n’alloit pas toujours cher
cher au loin ce qu’on pouvoit trouver auprès.
D’ailleurs, les Seigneurs de Lesparre faisoient ancienne
ment une grande sensation dans Bordeaux; ils y influoient
dans les affaires les plus importantes ; ils y avoient un hôtel
