1876_I - page 433

SAINT-VINCENT DE MÈRIGNAC
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l’Histoire,
de Mathieu Paris, et tâchons de démêler ce qu’il y
a de vrai d’avec ce qui s’est glissé de fautif dans sa narration.
On sait qu’après la bataille de Taillebourg en 1242,
Henri III, Roi d’Angleterre, qui l’avoit perdue, et qui,
comme l’observe Rapin de Thoyras lui-même, « n’avoit plus
» rien à faire en France, voulut néanmoins passer l’hiver à
» Bordeaux, où il acheva, dit cet Auteur, de dissiper ses
» finances en fêtes et divertissemens, comme s’il fût sorti
» victorieux de cette campagne. » Ce Prince, pour subvenir
à ces dépenses excessives, épuisoit l’Angleterre par des impôts,
des emprunts et autres moyens aussi insolites qu’onéreux.
Mathieu Paris, qui s’imaginoit que les Seigneurs Gascons, et
sur-tout une Comtesse de Bearn, qui étoit venue à la Cour
de ce Prince, donnoient occasion à toutes ces dépenses, se
déchaîne contr’eux (1); il ne peut néanmoins disconvenir
que ce Comte et les Chevaliers qui l’accompagnoient, rece­
vant par jour une solde de treize livres sterlings, ne voulurent
point la gagner sans rien faire. Ils attaquèrent donc avec
vigueur quelques châteaux, situés aux environs de Bordeaux,
(1)
Eodemque tempore quadam millier singulariter monstruosa et pra grossi-
tudine prodigiosa, Comitissa videlicet de Biarde, cum filio suo Gastoiie, et sexa-
ginta Militibus, venit ad Regem, ducta cupidine esterlitigorum, quibus nouerai
Regem Anglia abundare ; et factd conventione stipendarid, moràbatur cum eo, et
accepit à Rege qudlibet die pro slipendio tredecim libras esterlingorum, qua nun-
quàm Régi profuit, imo potiùs offuit et in fine défait, imo veriùs prodidit et
depauperavit.
(Math. Paris, sur l’an 1242, p. 403, col. I.)
Anno gratia 1243, qui est annus regni Regis Henrici vicesimus septimus,
fuit idem Rex apud Burdegaliam hyemans et commorans inutiliter, Comitissa de
Biarde et Gastofilio suo et Gasconibus quotidianas expensas et stipendia non mo-
dica ab ipso Rege, quem tenebant, extorquentibus.
(Ibid., p. 405, col. 2.)
O11 croit devoir observer que l’Auteur de
l’Histoire de Bordeaux
semble
faire trois différentes personnes de Gaston, fils de cette Comtesse. En
parlant de lui (p. 36), « plusieurs Barons, dit-il, entrautres,
un certain
»
Gaston de Biarde,
se révoltèrent.
»
On ne parle point ainsi d’un Seigneur
très-connu, et qui étoit Souverain d’une contrée considéraole. Cet Ecrivain
T. I.
(Edit. Baur.,
vol. II.)
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