VARIÉTÉS BORDELOISES
» en deuil; les Religieux s’y trouvèrent, et ce fut pour la
» premiere fois que les Peres Feuillans marchèrent en public
» avec leur Croix. Les Chapitres de Saint-André et de Saint-
» Seurin s’y trouvèrent ; le corps étoit porté par les Religieux
» de Saint-François, il fut conduit à Saint-André, où fut fait
» le service et l’Oraison funebre; on y laissa le cœur, et
» dans le même ordre on conduisit le corps dans un bateau
» devant la porte du Caillau, et de là il fut porté en Nor-
» mandie. » Il falloit sans doute qu’on eût pour lors des
secrets pour conserver des cadavres pendant trois mois, et
durant les plus fortes chaleurs de l’année.
Voici un autre exemple de pareils honneurs funèbres rendus
dans Bordeaux à un Seigneur de même rang, et de la con
servation de son cadavre pendant plusieurs mois. C’est à
celui de M. le Maréchal Dornano, qui étoit également Lieu
tenant de Roi dans cette Province. Il mourut à Paris au mois
de Janvier de l’année 1610, ainsi que nous l’apprenons de la
Chronique
de Darnal. Ce Seigneur, qui aimoit sincèrement
les habitans de Bordeaux, et qui en étoit chéri et respecté,
« pour leur témoigner, dit Darnal, la cordiale amitié qu’il
» leur portoit, voulut être enseveli à Bordeaux ». Son corps
fut en effet porté dans cette Ville, où il fut reçu avec autant
de pompe que de vénération. On fit la cérémonie de ses
obsèques le Samedi 3 Avril, avec toute la solemnité possible.
Il s’éleva pourtant quelque contestation à l’occasion de ses
obsèques. M. le Cardinal de Sourdis, qui étoit pressé de se
rendre à Paris pour assister au Sacre et au Couronnement
de la Reine, vouloit substituer en sa place M. de Martin,
Evêque de Vannes, qui se trouvoit pour lors à Bordeaux
dans le sein de sa famille, qui subsiste encore à présent dans
cette Ville. Les Chapitres de Saint-André et de Saint-Seurin
soutenoient qu’ils ne dévoient pas être présidés et conduits
par un Evêque étranger; néanmoins les Parties se conci
lièrent. M. le Cardinal de Sourdis y assista, ainsi que les
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