1876_I - page 426

VARIÉTÉS BORDELOISES
qui en étoient les Seigneurs, se faisoient quelquefois la guerre
entr’eux. La
Seigneurie de la M arque
fut donc considérée
lors de son établissement comme une
marche,
terme dont on
se servoit anciennement pour exprimer
u n confin, une frontière.
Le mot
la M a r q u e ,
pris en ce sens, serait donc un mot
Gascon, qui auroit la même signification que l’ancien terme
François
marche.
Et en effet, c’est ainsi qu’on la trouve nommée
dans les rôles Gascons (t. I, p. 8).
Il paraît par ces rôles, qui sont des années 1277 et 1278,
que la Seigneurie de la Marque, qui avoit dès lors le titre de
Châtellenie, fut donnée par Edouard I, Roi d’Angleterre,
avec celle de Castelnau, à Garsion de la Marche ;
de omnibus
illis in Castellaniâ de M a r c a
(la Marque)
et de Castronovo
(Castelnau),
concessis Garsioni de M a rc h iâ ( Ib id .,
p. 8). On
voit par là que la Seigneurie de la Marque existoit dans le
treizième siecle, et il y a tout lieu de penser qu’elle étoit
d’une date plus ancienne. Elle n’a point été formée des debris
d’une autre Seigneurie, ou si son territoire, qui n’est pas fort
étendu, en est un démembrement, il a toujours été le même,
et s’est conservé dans son état primitif.
Pour dire ce qu’on pense à cet égard, on serait porté à
croire que le château de la Marque fut construit dans un local
assez voisin de la riviere, pour être un obstacle aux descentes
que des pirates pouvoient faire dans la contrée, et dont les
siècles précédens avoient fourni tant de funestes exemples. Il
n’est pas hors de propos de faire des réflexions sur l’ancien
état des fortifications d’un pays, pour juger des circonstances
dans lesquelles on s’y est trouvé. Il paraît par la position des
lieux forts qui existoient anciennement dans le Médoc, que
c’étoit principalement du côté de la riviere que venoient les
craintes et les dangers. Aussi étoit-ce vers ce côté qu’etoient
placées les fortifications. On a déjà vu qu’il en existoit dans
Balirac, du temps des Romains. Castillon, qui n’en est pas
beaucoup éloigné, étoit autrefois un lieu fort. Il n’y avoit pas
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