VARIÉTÉS BORDELOISES
certitude qu’Agassac n’est, ni n’a jamais été une Paroisse.
La Seigneurie d’Agassac est ancienne. Il paraît par l’arti
cle 14 des anciennes Coutumes de Bordeaux, conçues en lan
gage Gascon, et données au public, dépuis quelques années,
par deux Savans Avocats de ce Parlement, que
G aillard
d ’Agassac, Damoiseau,
étoit propriétaire de cette Seigneurie
dès l’an 1238.
Il résulte en effet de cet article, que
Pierre de Roquetaillade,
pour lors Châtelain, c’est-à-dire, Juge de la
Châtellenie de
‘B lanquefort,
instruisit une procédure criminelle contre le Sei
gneur, dont le valet avoit été trouvé mort et noyé dans les
douves de la
Mothe d ’Agassac.
Ce Seigneur, qui l’avoit fait
ensevelir sans avoir eu la précaution d’appeler le Juge pour
en dresser son procès-verbal, fut soupçonné d’être l’auteur de
ce meurtre. Mais comme on n’en découvrit pas la preuve, et
que d’ailleurs
G a illa rd d ’Agassac
protesta de son innocence
pardevant la Cour du Seigneur de Blanquefort, il en fut
quitte pour faire
serment su r le F ort S a in t-S e u rin ,
qu’il n’étoit
pas coupable du crime qu’on lui imputoit. Qu’il soit permis
de faire quelques observations à cet égard.
En premier lieu, rien ne prouve mieux l’antiquité d’une
Seigneurie que l’identité de son nom avec celui du Seigneur
qui en étoit le propriétaire. Cela ramene à l’époque où les
surnoms commencèrent à être en usage, c’est-à-dire, comme
en conviennent les Auteurs, vers la fin du dixième siecle, ou
au commencement du suivant. Chacun prit pour lors un sur
nom à sa guise, mais les Seigneurs se distinguèrent en adop
tant pour surnoms les dénominations de leurs Seigneuries.
En second lieu, il résulte de la procédure criminelle dres
sée par le Juge de Blanquefort contre
G a illa rd d ’Agassac,
que
la Seigneurie dont il étoit propriétaire, bien loin d’être déco
rée du titre de Jurisdiction, étoit pour lors dépendante de
celle du Seigneur de Blanquefort. Elle jouit néanmoins, et
depuis long-temps, de cette prérogative; sans doute qu’elle est
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