1876_I - page 385

SAINT-MARTIN DE CARCANS
353
dont le Seigneur de Lesparre étoit propriétaire..... En troi­
sième lieu, il paraît par une chartre de 1317, qu’il existoit
dans l’Eglise de Carcans
u n F o rt,
sur lequel on étoit obligé,
en certains cas, de prêter serment. Il est question, avant tout,
de fixer la signification du mot
fo rte ,
employé dans ce titre.
Ducange, aux mots
ju ra re super fo rte ,
rapporte bien des preuves
tirées d’un ancien registre de la Connétablie de Bordeaux,
des sermens faits sur le Fort; mais il n’explique pas ce que
c’étoit que le Fort sur lequel on le prêtoit.
Dom Carpentier, dans son supplément au
Glossaire
de
Ducange, dit que le mot
forte
signifie,
fe r e tr u m , tum u lu s,
theca in quâ corpus alicujus Sancti asservatur.
Le
m o t fo rte
signifie
donc le cercueil, le tombeau ou la châsse dans laquelle on
conserve le corps de quelque Saint. On comprend maintenant
ce que c’est que jurer sur le Fort; c’étoit jurer sur le tombeau
ou la châsse de quelque Saint. Il devoit y en avoir une à
Carcans, puisqu’on y jurait sur le Fort, à l’occasion du cri
.
biajfore;
et c’est ce cri dont il est fait mention dans le même
titre de 1317, qu’il s’agit ici d’expliquer en peu de mots.
C’étoit pour lors un usage généralement reçu dans toutes
les Seigneuries du Pays Bordelois, que tous ceux qui en dé-
pendoient étoient tenus de se mettre en armes, et de se pré­
senter lorsqu’on crioit
b ia fo re,
qui étoit pour lors un cri
d’alarme et une espece de tocsin. Les malheurs des temps et
la nécessité de pourvoir, dans ces siècles de brigandages, à
la sûreté publique, avoient introduit cet usage. Le mot Gascon,
biajfore,
étoit une corruption du Latin,
veni fo ra s ;
sortez de
chez vous, et courez au plus tôt au secours. Tous ceux qui
entendoient un pareil cri, qui annonçoit quelque désastre,
étoient obligés de sortir sur le champ de chez eux, et de
courir au secours. Telle étoit la Loi dans le Pays Bordelois,
et en particulier dans la Seigneurie de Lesparre; et si on y
manquoit dans celle-ci, il falloit ou payer l’amende portée en
pareil cas, ou jurer sur le
fo r t de C arcans,
qu’on n’avoit point
T. I.
[Édit. Baur.,
vol. II.)
23
1...,375,376,377,378,379,380,381,382,383,384 386,387,388,389,390,391,392,393,394,395,...484
Powered by FlippingBook